Cannes 2020: pas de festival mais une vaste sélection de films vus et approuvés
Cinéma
Quelque 56 longs métrages pourront ces prochains mois sortir assortis du label Cannes – Sélection officielle. C’est notamment une aubaine pour 15 premières réalisations qui bénéficient de la place laissée par des productions préférant attendre 2021 et ainsi briguer la Palme d'or

Le Festival de Cannes n’a pas eu lieu, vive le Festival de Cannes! Dix jours après ce qui aurait dû être la clôture de sa 73e édition, la manifestation se réinvente. Son directeur, Thierry Frémaux, l’avait rapidement affirmé au début de la crise sanitaire: pas question d’organiser un festival au rabais, encore moins de l’imaginer en version numérique avec des projections sur petits écrans. Par contre, il a toujours insisté sur l’importance d’offrir une visibilité aux films qu’il aurait pu montrer. Le comité de sélection en a reçu pas moins de 2067, un record. «Les cinéastes ont travaillé, c’était la moindre des choses que de recevoir ce travail et de voir les films.»
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C’est ainsi qu’est née l’idée d’un label Cannes 2020 dont 56 films pourront se prévaloir lors de leur exploitation. «Nous voulons les accompagner en salles, mais aussi dans d’autres festivals», a précisé Thierry Frémaux en expliquant que ces longs métrages ne sont pas hiérarchisés selon les différentes sections de la sélection officielle – Compétition, Un Certain Regard, hors compétition, séances de minuit ou spéciales.
Certains films étaient attendus d’une manière ou d’une autre sur la Croisette, et il n’est guère surprenant de les retrouver dans cette sélection virtuelle, à l’image de The French Dispatch, de Wes Anderson. «Le réalisateur américain est de plus en plus entre la bande dessinée, le cinéma d’animation et le cinéma réel. Tourné à Angoulême, son film rend hommage aux journalistes», a résumé Thierry Frémaux.
Parmi ceux qu’on nomme les fidèles, on trouve également le prolifique François Ozon avec Eté 85, dont la sortie a du coup été agendée au 15 juillet. La Japonaise Naomi Kawase et la Française Maïwenn pourront également apposer la mention Cannes – Sélection officielle sur les affiches de True Mothers et ADN. Tout comme le Danois Thomas Vinterberg, qui, avec Druk, raconte comment quelques amis vont évoquer la cinquantaine et le temps qui passe en se soûlant.
Thierry Frémaux a également annoncé la sélection de deux nouveaux films du cinéaste et plasticien Steve McQueen, lauréat en 2008 de la Caméra d’or – saluant la meilleure première œuvre présentée à Cannes – pour Hunger. Lovers Rock et Mangrove, sur la communauté noire dans le Londres des années 1970 et le procès de policiers accusés de racisme et de brutalité, résonnent tristement avec l’actualité, note le directeur. Autre long métrage à la thématique très actuelle, Last Words, qui voit Jonathan Nossiter évoquer le réchauffement climatique et la fin du monde. Dans Des Hommes, avec Gérard Depardieu, le Belge Lucas Belvaux revient de son côté sur les blessures psychologiques laissées sur toute une génération de combattants par la guerre d’Algérie.
Paul Verhoeven passe encore un tour
Parmi les titres qui auraient pu concourir pour la convoitée Palme d'or, certains ont décidé de ne pas se contenter d’un logo sur une affiche, mais de faire partie de la sélection 2021 du festival. C’est notamment le cas de Benedetta, deuxième production française après Elle du Néerlandais Paul Verhoeven. Drame historique sur une nonne jugée pour homosexualité, avec Virginie Efira dans le rôle titre, le film a été tourné en 2018. Il aurait pu être à Cannes en 2019 déjà, si le réalisateur n’avait pas dû être opéré. C’est donc finalement avec deux ans de retard qu’on pourra le découvrir.
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Cette décision, qui est également celle d’autres producteurs, a son avantage: Thierry Frémaux a pu retenir plus de premiers films que d’habitude. Sur les 56 de cette cuvée 2020, ils sont exactement 15, soit 26,7% du nombre total, contre 17% l’an dernier. Selon le directeur, «c’est la preuve de la vitalité créatrice du cinéma, et aussi de l’engagement que prend le festival sur l’avenir». Autre bonne nouvelle: 16 réalisatrices font partie de la sélection, ce qui représente donc 28,5% des cinéastes. Ce chiffre est encourageant car il est supérieur au taux de films signés par des femmes soumis au regard des équipes de sélection (25,7%).
Outre Naomi Kawase et Maïwenn, ces réalisatrices, pour la plupart encore inconnues, se nomment Danielle Arbid (Passion simple), Marie-Castille Mention-Schaar (A Good Man), Charlène Favier (Slalom) ou encore Suzanne Lindon (16 Printemps). Un des débutants ayant tourné leur premier long métrage est loin d’être un anonyme: Viggo Mortensen (Falling). «Il a une vie en dehors de son statut de star, il est aussi poète, photographe et éditeur, admire Thierry Frémaux. S’il a pris la caméra, c’est parce qu’il a quelque chose à dire.» Et le Lyonnais de signaler encore la présence, dans la liste dévoilée ce mercredi à Paris, de trois documentaires, cinq comédies et quatre films d’animation, dont la première production des studios Ghibli en 3D et (Earwig and the Witch, de Goro Miyazaki).
Tous les détails sur le site officiel du Festival de Cannes.