C’est là, alors qu’il travaillait pour le Schauspielhaus, que la Praesens est venue le chercher pour lui proposer de se lancer dans le cinéma, comme l’a rappelé Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque suisse, lors de la présentation dans la section patrimoniale Cannes Classics de The Village, le dernier de ses onze longs métrages, initié par la maison zurichoise. Et qui est aussi son ultime réalisation. Six ans après la présentation cannoise de la copie restaurée de Die letzte Chance (1945), c’est donc un autre grand film méconnu de Lindtberg, ou du moins oublié, qui a été dévoilé sur la Croisette, avant une projection à venir à la Cinémathèque suisse.
Film multilingue
L’intrigue se déroule dans l’immédiat après-guerre au sein du fameux village Pestalozzi construit à Trogen, en Appenzell Rhodes-Extérieures, pour accueillir des orphelins de guerre de toutes nationalités. Porté par un casting international, avec en vedette l’Anglais John Justin et la Suédoise Eva Dahlbeck, The Village – qui remportera l’Ours de bronze de la Berlinale – a pour particularité d’être un film multilingue, avec des dialogues en français, anglais, italien, allemand ou encore polonais. Le message qu’il véhicule, autour de l’unité entre les peuples et de l’importance de la solidarité et du pardon, n’aura depuis sa sortie jamais été autant d’actualité qu’aujourd’hui, avec le retour de la guerre en Europe.
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Avant de restaurer numériquement The Village, ce sont plus de 130 bobines qui ont été inventoriées et examinées, a de son côté expliqué Ariane Baudat, qui a piloté le projet au sein de la Cinémathèque suisse. L’identification des copies a été d’autant plus difficile que le film, vendu à l’international sous son titre anglais, a également été exploité dans une version contenant 20% de prises différentes pour le marché germanophone, où il s’intitulait Unser Dorf, tandis qu’en français on le connaît comme Le Village près du ciel. La (re)découverte de ce joyau du cinéma suisse, au milieu d’un festival où chacun cherche sa Palme d’or, restera comme une parenthèse enchantée.