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Cannes, jour 11: une ode à la paix internationale venue de Suisse

Réalisé au début des années 1950 par Leopold Lindtberg, réalisateur autrichien exilé en Suisse, «The Village» se déroule au sein du village Pestalozzi pour enfants à Trogen. ll a été projeté à Cannes dans une version superbement restaurée par la Cinémathèque suisse

«The Village», de Leopold Lindtberg (Suisse, Royaume-Uni, 1953). — © Cinémathèque suisse / Praesens-Film
«The Village», de Leopold Lindtberg (Suisse, Royaume-Uni, 1953). — © Cinémathèque suisse / Praesens-Film

La 76e édition du Festival de Cannes se déroule du 16 au 27 mai. Chaque fin de journée, retrouvez la chronique quotidienne de notre envoyé spécial.

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Le cinéma suisse a de tout temps été un cinéma de coproduction, la douce Helvétie étant le plus souvent, de par sa taille et son morcelage linguistique, obligée de se tourner vers des pays voisins pour compléter les budgets des quelques longs métrages qui se tournent chaque année, aussi modestes soient-il. Dans ce domaine de la coopération artistique, la Praesens-Film, société zurichoise qui a régulièrement travaillé avec les Etats-Unis, avec quatre Oscars à la clé, a fait figure de pionnière depuis sa création en 1924, accompagnant par exemple longuement le réalisateur et metteur en scène autrichien Leopold Lindtberg (1902-1984), qui a fui Vienne lors de la montée du nazisme pour trouver refuge à Zurich, qui était alors une terre d’accueil pour de nombreux artistes juifs germanophones.

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C’est là, alors qu’il travaillait pour le Schauspielhaus, que la Praesens est venue le chercher pour lui proposer de se lancer dans le cinéma, comme l’a rappelé Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque suisse, lors de la présentation dans la section patrimoniale Cannes Classics de The Village, le dernier de ses onze longs métrages, initié par la maison zurichoise. Et qui est aussi son ultime réalisation. Six ans après la présentation cannoise de la copie restaurée de Die letzte Chance (1945), c’est donc un autre grand film méconnu de Lindtberg, ou du moins oublié, qui a été dévoilé sur la Croisette, avant une projection à venir à la Cinémathèque suisse.

Film multilingue

L’intrigue se déroule dans l’immédiat après-guerre au sein du fameux village Pestalozzi construit à Trogen, en Appenzell Rhodes-Extérieures, pour accueillir des orphelins de guerre de toutes nationalités. Porté par un casting international, avec en vedette l’Anglais John Justin et la Suédoise Eva Dahlbeck, The Village – qui remportera l’Ours de bronze de la Berlinale – a pour particularité d’être un film multilingue, avec des dialogues en français, anglais, italien, allemand ou encore polonais. Le message qu’il véhicule, autour de l’unité entre les peuples et de l’importance de la solidarité et du pardon, n’aura depuis sa sortie jamais été autant d’actualité qu’aujourd’hui, avec le retour de la guerre en Europe.

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Avant de restaurer numériquement The Village, ce sont plus de 130 bobines qui ont été inventoriées et examinées, a de son côté expliqué Ariane Baudat, qui a piloté le projet au sein de la Cinémathèque suisse. L’identification des copies a été d’autant plus difficile que le film, vendu à l’international sous son titre anglais, a également été exploité dans une version contenant 20% de prises différentes pour le marché germanophone, où il s’intitulait Unser Dorf, tandis qu’en français on le connaît comme Le Village près du ciel. La (re)découverte de ce joyau du cinéma suisse, au milieu d’un festival où chacun cherche sa Palme d’or, restera comme une parenthèse enchantée.