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Série espagnole achetée par Netflix, «La Casa de papel» fascine par la manière dont elle dilue son histoire de braquage sans ennui. Elle constitue aussi une belle aventure audiovisuelle, d’un diffuseur national au marché mondial

Il y a au moins deux coups de maître dans La Casa de papel: la richesse des pistes au niveau de l’intrigue et les masques à l’effigie de Salvador Dalí. A voir les multiples frémissements sur la Toile, la série espagnole relayée par Netflix semble rencontrer un joli succès chez les abonnés, loin au-delà de son pays. Cette histoire de braquage de la Banque nationale espagnole qui tourne à la prise d’otages, et à l’impression de billets par les braqueurs, constitue une belle aventure télévisuelle.
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Une série d’Antenna 3
Car il ne s’agit pas d’une série Netflix. La Casa de papel a été diffusée dès mai 2017 sur la chaîne privée Antenna 3. Celle-ci a découpé la première saison, faite de huit épisodes de 70 minutes, en deux parties distinctes, en mai-juin, puis octobre-novembre. A la fin de l’année passée, Netflix a acheté la série et l’a reconditionnée: les épisodes sont raccourcis, donc il en y en a davantage. Treize pour la première partie, la suite viendra en avril. En sus, une deuxième saison est en cours de préparation.
C’est justement dans la durée que la série créée par Álex Pina étonne, puis convainc. Raconter un braquage en 13 épisodes – et ce n’est pas fini – semble périlleux. Le dispositif mis en place par l’auteur marche à plein régime: les moments de formations des braqueurs rassemblés par le cerveau de l’opération, le professeur, puis la prise d’otages, les tensions chez les autorités chargées de faire face, l’étonnante relation, dissymétrique, entre une policière et le professeur… Le feuilleton dispose de plusieurs tableaux et de deux temporalités qui permettent de varier les trames. Il y a bien des manœuvres dilatoires, comme l’histoire de la voiture à retrouver dans la casse, mais elles ont aussi leur logique.
«Les Espagnols font comme les Américains!»
Et puis, ces saisissants masques Dalí que les agresseurs portent et font porter à leurs otages, pour brouiller les pistes, constituent la marque de fabrique du feuilleton, au moins pour sa première saison. Ce regard ahuri avec moustache filante, cet air intellectuellement hirsute, n’en finit pas de fasciner le spectateur, tout en donnant une espiègle touche espagnole au braquage. A un moment, les assaillants voient que l’on parle d’eux sur CNN, ils s’écrient: «Les Espagnols font comme les Américains!» Vu grâce au géant californien Netflix, cet instant a une pétillante résonance.
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