«Sur les chemins noirs», quand Dujardin devient Tesson dans un film qui ne rend pas justice au livre
cinéma
AbonnéDenis Imbert adapte un récit de l’écrivain voyageur que l’on soupçonnait inadaptable. Tout ce qui faisait son intérêt, comme une réflexion sur l’hyper-ruralité, est à l’écran dilué

«Pourquoi le TGV menait-il cette allure? A quoi servait-il de voyager si vite?» En 2016, Sylvain Tesson s’interrogeait dès le début de son récit Sur les chemins noirs sur les fondements d’une société de l’empressement, où l’on veut que tout aille vite. Le voici qui décidait de traverser la France à pied, du sud-est au nord-ouest, du parc national du Mercantour à la péninsule du Cotentin. L’écrivain voyageur aime les échappées folles, a fait de l’«escapisme» son credo. «L’escapisme, c’est une forme d’art martial, une utilisation du mouvement à des fins de survie, disait-il au Temps il y a quelques années. Face à l’obstacle, il y a deux options possibles: soit on fonce avec l’ardeur du taureau; soit on prend la poudre d’escampette. Je l’ai prise très tôt.»