«Club Zero», arrêter de manger pour sauver la planète
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AbonnéL’Autrichienne Jessica Hausner se penche sur un enjeu majeur du XXIe siècle pour signer un film bancal qui tourne en rond

La nourriture industrielle est mauvaise pour la santé et néfaste pour la planète, ce qui en soi n’est pas un scoop. Prof nouvellement engagée au sein de The Talent Campus, une école privée qui semble figée dans les années 1970, Miss Novak va plus loin encore dans le cours qu’elle dispense sur l’alimentation consciente: si on veut contribuer à la préservation des ressources tout en prenant soin de son corps et en se libérant l’esprit, il ne faut pas seulement manger mieux, mais aussi manger moins. Beaucoup moins. Quitte, pourquoi pas, à arriver au stade d’illumination ultime consistant à se passer totalement de toute nourriture solide… Parmi ses sept élèves, cinq sont prêts à la suivre.
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Réalisé en anglais avec un casting anglophone par l’Autrichienne Jessica Hausner, Club Zero est un film qui souhaite questionner par la fiction et l’utopie un des enjeux majeurs du XXIe siècle. Las, la cinéaste ne dépasse jamais le cadre de l’intention, se contentant avant tout d’accumuler une série de clichés – les adultes aiment la viande rouge mais pas leurs enfants, si ceux-ci sont perdus, c’est la faute de leur environnement familial, l’éducation ne suit pas l’évolution de la société, le jeûne permet de nettoyer son corps, etc.
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Surtout, on ne sait pas trop où elle se positionne, comme si elle se désintéressait totalement de ses personnages, ne faisant que les placer dans des situations illustratives plutôt que de tenter de réellement creuser leur profil psychologique. Le but du film est-il de nous faire réfléchir, ou de faire rire en pointant l’absurdité de l’époque («Le véganisme est tellement dépassé», dit une jeune fille)? De cette hésitation, et d’un traitement esthétique répétitif dans ses cadrages et ses décors aseptisés se voulant intemporels, vient l’impression de voir une sorte d’essai pour un film en devenir plutôt qu’une œuvre achevée. Jessica Hausner était autrement plus inspirée lorsqu’elle abordait de manière philosophique, dans le très beau Lourdes (2009), la notion de miracle.