Le mythe de Frankenstein a essaimé dans tous les arts, notamment – et abondamment – dans le septième. En 1931, le Britannique James Whale réalise à Hollywood, vingt ans après une production Edison qui n’est pas rentrée dans l’histoire, la première grande adaptation du roman de Mary Shelley. Très vite, la créature créée par l’inconscient docteur avide de déjouer la mort devient, aux côtés de Dracula, une valeur sûre pour les films de monstres que produisent alors les studios Universal. On dit même que des spectateurs se sont évanouis de peur durant les premières projections du film.

Dans la foulée, Whale retrouve en 1935 son acteur Boris Karloff pour La Fiancée de Frankenstein, considéré aujourd’hui comme un des grands classiques du cinéma d’horreur. «Le chef-d’œuvre de Whale allie un rythme endiablé, un humour raffiné, d’authentiques émotions et un délicieux sens du macabre», peut-on lire dans Le Cinéma d’horreur, ouvrage publié en 2008 par les éditions Taschen, sous la direction de Paul Duncan. Ces deux films réalisés par Whale sont logiquement au cœur de la grande rétrospective Frankenstein qu’inaugure la Cinémathèque suisse, non sans malice… le vendredi 13 janvier.

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La genèse

L’institution programme encore deux productions faisant partie de la collection Universal Monsters: Le Fils de Frankenstein (Rowland V. Lee, 1939), toujours avec Karloff dans le rôle-titre, et Frankenstein rencontre le loup-garou (Roy William Neill, 1943), dans lequel Bela Lugosi, seconde grande star du cinéma fantastique et d’horreur de la première moitié du XXe siècle, reprend le rôle du mort-vivant. D’autres cinéastes se sont intéressés non pas au roman de Shelley, mais à sa genèse.

Ainsi Ken Russell, qui dans Gothic (1986) raconte à sa manière cette fameuse soirée du 16 juin 1816 qui vit Lord Byron proposer à quelques amis, dans une villa de Cologny, d’imaginer une histoire d’épouvante. Ou de Ivan Passer, dont le méconnu Un Eté en enfer (1988) raconte la même histoire mais de manière beaucoup plus réaliste, tentant d’approcher au plus près cet instant où Shelley donna naissance à un classique de la littérature de genre, là où Russell part dans des délires fantasmagoriques.

Douze films au total

La rétrospective de la Cinémathèque propose au total douze films, dont Frankenstein Junior (1974), hilarante parodie de Mel Brooks, en hommage au comédien Gene Wilder, récemment disparu. Elle offre l’occasion de découvrir l’inédit Frankenstein (2015), qui voit l’Américain Bernard Rose transposer le récit de Shelley dans un environnement urbain et contemporain; ou de réévaluer, peut-être, l’adaptation de Kenneth Branagh aussi fidèle qu’ambitieuse, mais très froidement accueillie lors de sa sortie en 1994; et surtout d’admirer sur grand écran, outre les deux productions emblématiques de Whale, Frankenstein s’est échappé (1957), premier des six longs métrages d’une série produite par la Hammer, société reine de la série B, avec un duo d’acteurs devenu culte: Peter Cushing dans le rôle du docteur, et Christopher Lee dans celui de sa créature.


Rétrospective Frankenstein, 
Cinémathèque suisse, Lausanne, 
du 13 janvier au 10 février. 
www.cinematheque.ch