C’était un samedi, un jour après l’assassinat américain qui a traumatisé le monde. Le 23 novembre 1963, la BBC lançait le premier épisode d’une aventure de prime abord hasardeuse, Doctor Who, série de science-fiction basée en grande partie sur le voyage dans le temps. Dans un vaisseau qui, de l’extérieur, a l’apparence d’une cabine de téléphone pour appels d’urgence à la police.

50 ans: la durée d’un soap. Mais dans ce cas, c’est la consécration d’une institution britannique, laquelle a ses millions de fans, de collectionneurs et autres exégètes. La série s’est bien arrêtée en 1989, après 26 premières saisons, mais elle ne pouvait pas périr. Elle est revenue en 2005, avec, successivement dans le rôle du Docteur, Christopher Eccleston, David Tennant puis Matt Smith. Et le nom du successeur est connu, il s’agira de Peter Capaldi. Au total, si l’on compte bien, avec les chapitres spéciaux, un catalogue de 797 épisodes. Ce samedi soir, des dizaines de chaînes, dont France 4, rendront hommage à ce feuilleton unique. Le 50e anniversaire a même été célébré la semaine passée à Buckingham Palace.

Bien sûr, le retour aux origines se révèle émouvant. Gouffre habituel dans le patrimoine télévisuel, des pans des premières années de Doctor Who ont été perdus, à l’époque où les gens de TV effaçaient les cassettes pour y enregistrer autre chose. Mais les épisodes initiaux, avec William Hartnell, ont été édités en DVD. En quatre chapitres de 25 minutes, An Unearthly Child, diffusé donc ce samedi 23 novembre là, a ouvert ce bal de l’univers. Le docteur, présenté comme grand-père de la curieuse lycéenne Susan Foreman (on dit à un moment: «Docteur Foreman», par mécompréhension, il réplique: «Docteur qui?»), emmène avec lui deux enseignants de Susan. Première halte spatio-temporelle, la préhistoire, avec une tribu qui se divise après avoir perdu la maîtrise du feu.

Une fantaisie posée d’entrée de jeu, avec cette cabine téléphonique enfouie dans un entrepôt. Un psychédélisme en noir et blanc, pour le générique à formes oscillantes. Ainsi qu’une touche de pédagogie télévisuelle pour petits et grands à propos des tranches de l’histoire humaine. La première recette de Doctor Who était établie. Si les ingrédients n’ont cessé de varier, cette incroyable épopée télévisuelle n’en finit pas d’amuser, et de fasciner.