Samedi dernier, Serge Lama donnait son second concert à Lausanne, au Théâtre de Beaulieu. Une prestation généreuse, m’a-t-on raconté: des chansons pendant deux heures vingt pour résumer les 50 ans de carrière du flamboyant napoléonien. Lequel a évidemment entonné «Femme, femme, femme», l’un de ses tubes. Ce même samedi soir, Arte a entamé la diffusion d’une série de docu-fiction allemande, Ces femmes qui ont fait l’Histoire.

Piquante coïncidence. Arte a montré ce feuilleton alors que continue la polémique suscitée par le mois thématique de la RTS Les Suisses, dont les quatre films amiraux, montrés les mercredis soirs, ont été accusés de négliger les femmes dans l’histoire du pays (LT du 20.11.2013).

Que voit-on dans Ces femmes qui ont fait l’Histoire? Jeanne d’Arc, d’abord, suivie par Louise de Prusse et la résistante allemande Sophie Scholl. Dans le cas de l’éternelle pucelle d’Orléans, une voix off associe le téléspectateur à son parcours. En documentant sa trajectoire, tout en évoquant ouvertement l’écoute de ses «voix». Les auteurs s’en donnent à cœur joie: «Ils voulaient une preuve que je suis envoyée par Dieu»; «Mon conseil vient directement du ciel»; «J’étais envoyée par Dieu. Et pourtant, mon destin était entre les mains des hommes», etc. Une Jeanne sympathique. Puis une Louise de Prusse manipulatrice, mais pas trop. A chaque fois, une narration simple, pour des films consensuels, aimables, un peu complices avec leurs spectatrices et spectateurs.

Le choix de l’empathie. La série commandée par ZDF devait mani­festement corriger un oubli, redonner une place à ces femmes que la narration au grand public, notamment télévisuelle, éclipse du dérou­lement de l’histoire européenne. Qu’il s’agisse du cycle des Suisses ou d’autres démarches du même ordre.

Le genre du docu-fiction devient élastique. Répondant aux demandes du moment, glorification nationale ou réparation d’une injustice de genre. Par l’usage de ce type de production audiovisuelle caoutchouc – pour tressauter ou colmater –, ZDF a choisi de glorifier des figures féminines déjà consacrées. Après tout, dans la grande histoire telle que les producteurs TV la content, hommes et femmes forment une matière première infiniment malléable. A multiples facettes. A propos de ces femmes qui le préoccupent tant, ce vieux sage de Serge Lama baptisait l’un de ses albums Plurielles.