Festival de Cannes, l’envers du tapis rouge
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Les deux critiques de cinéma du «Temps» ont passé douze jours sur la Croisette. Couvrir le plus grand festival de cinéma du monde n’est pas toujours simple

Ah, le Festival de Cannes, son tapis rouge, ses montées des marches glamours, sa Croisette où sont organisées des fêtes gigantesques… Lorsque chaque année les deux journalistes cinématographiques du Temps s’envolent pour la Côte d'Azur, leurs collègues ne manquent jamais de leur enjoindre de bien s’amuser. La manifestation fait rêver, et c’est compréhensible. Or en rendre compte n’est pas de tout repos. D’autant plus que dans la hiérarchie des badges, nous possédons – le soussigné ainsi que son collègue Antoine Duplan – un sésame rose qui certes nous permet d’accéder à toutes les projections réservées à la presse, mais nous oblige parfois à nous présenter bien en avance à l’entrée des salles si on veut être sûr de trouver une bonne place.
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Les heureux bénéficiaires d’un badge rose avec pastille jaune ont, eux, moins de file d’attente à effectuer. Et sont également sûrs d’accéder aux conférences de presse lorsqu’elles sont très courues, à l’image de celle qui a réuni Quentin Tarantino, Leonardo DiCaprio et Brad Pitt – impossible pour nous d’imaginer nous y rendre. Au sommet de la hiérarchie cannoise se trouve le badge blanc, ou badge soirée, qui permet d’assister aux séances de gala, celles qui voient les équipes des films monter en tenue de soirée les marches du Palais des festivals. Il est réservé aux journalistes stars travaillant dans de grands médias ainsi qu’aux amis du festival. Chaque année, quelque 4500 journalistes sont accrédités, d’où l’obligation pour le festival d’instaurer cette organisation pyramidale, afin que les critiques employés par des médias établis puissent voir les films en même temps que leurs projections officielles, tandis que les journalistes travaillant pour de plus petits titres et des périodiques, de même que la plupart des blogueurs, devront dès lors la plupart du temps se rendre à des séances dites du lendemain. Ceux-ci se partagent des badges bleus, orange et jaunes.
Fims attendus et découvertes
Cette année, 21 longs métrages concouraient pour la Palme d'or, finalement remportée par le Coréen Bong Joon-ho. La sélection officielle était complétée par de nombreuses séances spéciales et hors compétition, ainsi que par les programmes Un Certain Regard et Cannes Classics. Mais le festival, c’est aussi trois sections indépendantes, la Quinzaine des réalisateurs, la Semaine de la critique et l’ACID. Depuis sa création il y a vingt et un ans, Le Temps se concentre d’abord sur la compétition, car celle-ci propose des films attendus qui pour la plupart sortiront dans les salles suisses. Explorer des titres montrés dans les autres sections permet en parallèle de belles découvertes, de même qu’une prise de température de l’état du cinéma mondial. C’est à Cannes que nous repérons les films que nous allons défendre d’ici à la fin de l’année – à l’image l’an dernier de Girl, de Lukas Dhont, qui avait fait sensation à Un Certain Regard.
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Entre quatre projections quotidiennes et une page à rédiger, les journées cannoises sont chargées. Viennent encore se greffer les interviews qui, vu la quantité de journalistes présents, se font le plus souvent en groupe. Avec parfois de bonnes surprises, comme ces trente-cinq minutes passées avec deux critiques belges en compagnie d’un Pedro Almodóvar généreux. Mais aussi, souvent, des déceptions, à l’image d’une rencontre avec le Français Bruno Dumont effectuée en anglais aux côtés d’une dizaine de confrères internationaux. Ou encore de cet entretien avec Sara Forestier, négocié pour être réalisé en tête à tête durant vingt-cinq minutes, mais qui a vu la comédienne nous demander après trois questions si ça allait être long, avant de cesser quasiment de répondre.