La première particularité qui surprend, dans Harry Bosch façon série TV, c’est le caractère diurne de l’ambiance. Les premiers épisodes, montrés cette semaine par RTS Deux et proposés en rattrapage, se déroulent essentiellement de jour. Les scènes de nuit sont celles où, dans sa villa surplombant Los Angeles, l’inspecteur Harry Bosch sirote son whisky en se livrant à une méditation nocturne. Dans le souvenir d’un lecteur occasionnel des romans de Michael Connelly, il semble tout de même que ces sombres intrigues se déroulaient souvent au creux de la nuit, vraiment le creux, dans la cité tentaculaire.

Un chantier surveillé par l'écrivain

La RTS a lancé Harry Bosch (Bosch) en catastrophe, bousculant ses programmes. Encore une singularité pour cette série qui n’en manque pas. Vedette mondiale du polar, courtisé depuis des décennies pour l’adaptation de ses romans, Michael Connelly a mis lui-même en chantier ces variations télévisuelles.

Il a souvent raconté, notamment aux rencontres Quai du polar de Lyon, avoir refusé plusieurs offres de producteurs, avec l’idée de garder la main sur le projet. Le voici donc, et autre originalité, il a pu lancer l’entreprise avec Amazon, qui produit et diffuse. Il s’est adjoint les services d’Eric Overmyer, complice de David Simon (The Wire, Treme), qui est chef scénariste. Une deuxième saison a été dévoilée en mars, une troisième est en route.

Une Los Angeles écrasée de soleil

Restons-en pour l’instant à une impression esthétique. Titus Welliver, l’acteur choisi, manque un peu d’obscurité – là aussi –, mais il a de quoi porter le pesant personnage de Harry Bosch. Evidemment, la version française écrase tout, appesantit l’ensemble d’une insupportable manière.

Dans la trame générale, l’écrivain chamboule sa propre chronologique en commençant par La Cité des ossements, huitième histoire de Bosch. Et il le pose dans cette Los Angeles écrasée de lumière. Le premier chapitre accroît encore l’aveuglant éclairage de ces romans noirs en images, puisqu’il se déroule dans les collines brûlées par le soleil. Comme si l’écrivain, à défaut de la trouver dans ses propres romans, cherchait maintenant l’illumination à travers le petit écran.


A propos d'Eric Overmyer à l'époque de Treme: «Les Etats-Unis sont une nation créole, c’est le sujet de notre série»