Genre: blu-ray
Qui ? Séries créées par Patrick McGoohan, Robert S. Baker et John Hawkesworth
Titre: Le Prisonnier, Amicalement vôtre, Sherlock Holmes
Chez qui ? TF1 Vidéo, Elephant

Alors que le Blu-ray, disque en haute définition, a de la peine à percer, les éditeurs bardent leurs catalogues de séries TV. Même révolues. S’agissant de fictions relevant du patrimoine, l’opération peut se révéler lucrative, puisqu’elle a pour but de faire repasser au tiroir-caisse. En vaut-elle la peine? Pour les amateurs, parfois, oui. Trois exemples.

Le Prisonnier (1967). Quelques suppléments se trouvaient dans de précédentes éditions. Toutefois, les bonus de ce coffret pompeusement qualifié d’«ultime» par TF1 se révèlent d’une grande richesse. Un documentaire de 90 minutes fournit une histoire documentée de la série, avec de nombreux intervenants, comédiens ou techniciens. On y souligne le rôle initial du scénariste George Markstein, qui avait épaulé l’acteur-créateur-producteur Patrick McGoohan dans la préparation de la série, après Destination Danger. Les curieux y suivront la laborieuse production des deux saisons, les coups de colère retentissants autant qu’injustes de Patrick McGoohan, les expériences des acteurs, belles ou exécrables… Les auteurs de ce film hommage ne versent pas dans l’hagiographie, en particulier lorsqu’ils utilisent des extraits d’archives d’une interview de George Markstein, lequel décrivait sévèrement son ancien ami: «Son narcissisme a pris le pas. Il voulait tout faire, il se dispersait…»

Sous pression, le maître a paniqué au moment de conclure le feuilleton, postulent les témoins. Ce qui expliquerait un choix pour le final qui a ulcéré les spectateurs – «une manifestation vulgaire de complaisance», fustige encore George Markstein. Ce lestage documentaire, auquel s’ajoutent une rare interview de Patrick McGoohan à la TV canadienne ainsi que l’introduction, forcément hilarante, des frères Bogdanoff dans l’émission Temps X de 1984, constitue un accompagnement pertinent. Les disques offrent un rendu qui magnifie l’allégresse ambiguë et les obsessions visuelles liées au Village.

Amicalement vôtre (1971). On n’a jamais aussi bien vu les chemises à jabot turquoises de lord Brett Sinclair, ni le cuir brun-kaki presque élimé de Danny Wilde. Sans louer à outrance TF1 – le travail vient d’ailleurs de l’édition anglaise –, le pressage en Blu-ray de The Persuaders! montre ce qu’une série patrimoniale, et à jamais sympathique, peut recevoir comme dernière demeure. Eclatantes, les couleurs de cette fantaisie britannique en Europe du Sud ne cèdent jamais au criard, qui fait parfois baver la haute définition. Les 24 épisodes resplendissent, et là, des documents vraiment inédits complètent l’offre. Un film de 50 minutes, de 2006, raconte en détail, notamment grâce au créateur Robert S. Baker, la genèse du feuilleton, depuis Le Saint, et les péripéties du tournage, à commencer par l’arrivée de Tony Curtis à l’aéroport de Londres avec un paquet de marijuana, qu’il narre lui-même… L’acteur décédé en 2010 n’est d’ailleurs pas épargné par certains intervenants, même si, dans une interview attendrie de 2011 pour les 40 ans de la série, Roger Moore dit son affection pour son acolyte.

Sherlock Holmes (1984- 1994). Par nature, l’image de la série portée par Jeremy Brett n’avait pas le pimpant des deux précédentes. Pourtant, avec le passage en Blu-ray, les fidèles de la collection de Granada trouvent ces aventures retravaillées avec soin. Certes, la comparaison partait d’assez bas, puisque les précédentes éditions en DVD n’étaient pas fameuses. Au moins, ces brillantes adaptations initiées par John Hawkesworth se présentent désormais avec une digne qualité d’images. Et la bande-son profite du rehaussement technique, ce qui embellit les partitions de Patrick Gowers. Les suppléments, en revanche, restent les mêmes qu’en DVD.