La java du perdreau, des nudistes et des lombrics dans «Perdrix»
Cinéma
Une touriste fofolle sème la zizanie dans une bourgade pleine d’habitants pittoresques et séduit le gendarme de service. Une comédie sentimentale tendance surréaliste d’une grande innocuité

Pierre Perdrix (Swann Arlaud), capitaine de gendarmerie d’une bourgade rurale, se complaît dans sa routine pépère. Il vit avec sa mère (Fanny Ardant), qui porte depuis vingt ans le deuil du père et anime une émission radiophonique pour les cœurs solitaires en circuit fermé, et son frère Julien, spécialiste des vers de terre. Cet ordre douillettement zinzin vole en éclats lorsque débarque Juliette, une touriste azimutée qui s’est fait voler sa voiture et ses carnets intimes par un gang de naturistes qui met le souk dans la région. Le gendarme célibataire n’est évidemment pas insensible aux charmes de l’intruse.
Péronnelle insolente
Assurément plaisante, la douce dinguerie de Perdrix s’use très vite. Le célibataire à képi, la veuve éternelle, le géodrilologue geignard, la péronnelle insolente et autres silhouettes pittoresques révèlent rapidement leur manque d’épaisseur, tandis que l’effet de surprise s’estompe et que l’intrigue stagne.
Peut-être le film lorgne-t-il vers Twin Peaks; il renvoie plus à certains fleurons de la comédie française du temps de Louis de Funès. Les gendarmes incompétents et les nudistes rebelles citent expressément Le Gendarme de Saint-Tropez et ses suites, tandis que les troupes d’empotés reconstituant tant bien que mal une bataille de la Seconde Guerre évoquent forcément La Grande Vadrouille. C’est dans les vieux pots que le rire se mitonne le mieux.
«Perdrix», d’Erwan Le Duc, avec Swann Arlaud, Maud Wyler, Fanny Ardant, Nicolas Maury (France, 2019), 1h39.