Les Journées de Soleure, une vitrine pour le cinéma suisse et romand
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La 58e édition du festival débute mercredi, avec un tiers de productions romandes parmi les longs métrages sélectionnés

L’an dernier, sur les 157 films retenus pour les Journées de Soleure, près de la moitié des 78 longs métrages étaient romands. Cette année, la proportion est de près d’un tiers pour les longs métrages et les séries, souligne Niccolò Castelli, le nouveau directeur artistique du festival. Pour les courts métrages, la proportion grimpe à près de 50%. «Les jeunes réalisateurs romands, qui sortent des écoles comme la HEAD de Genève ou de l’ECAL de Lausanne, font preuve de beaucoup d’originalité», estime le réalisateur tessinois, dont le film Atlas avait ouvert les Journées de Soleure en 2021. Selon lui, les cinéastes romands développent les formes que le cinéma suisse aura à l’avenir.
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«Ce qui m’a frappé, c’est comment ces jeunes autrices et auteurs veulent essayer quelque chose dans l’écriture du film. Je pense que c’est aussi pour cette raison que les films romands sont retenus dans les festivals et gagnent souvent des prix», poursuit Niccolò Castelli. Plusieurs films romands figurent dans la catégorie Opera Prima (premiers longs métrages), comme Peripheric Love, tourné en Italie par Luc Walpoth. Giorgio est stérile. Malgré tout, Maria tombe enceinte. Un miracle divin? Dépassés par ce bonheur inattendu, les deux protagonistes se consolent par des amourettes passagères.
Nombreuses coproductions
Le directeur cite ensuite Foudre, tourné dans le Haut-Valais par Carmen Jaquier. En 1900, après la mort de sa sœur, Elisabeth quitte son couvent. Elle découvre alors avec ses amis d’enfance que foi peut rimer avec désir. Mais à quel prix? Dans la catégorie Prix de Soleure, il mentionne Big Little Woman, réalisé par la Genevoise Nadia Fares. Ce film dépeint trois générations de femmes, leur révolte et leur transgression des interdits patriarcaux. La réalisatrice revient à ses racines qui la lient à l’Egypte et à la Suisse.
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Niccolò Castelli rappelle aussi la forte proportion de coproductions parmi les films romands, qui veulent être vus à l’international. Ursula Meier viendra présenter La Ligne (Panorama), sélectionné lors de la dernière Berlinale et actuellement dans les salles romandes, qui est un bon exemple. Après une dispute avec sa mère, Margaret se voit interdire tout contact avec elle pendant trois mois et n’a pas le droit de s’approcher à plus de 100 mètres de sa maison familiale.
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Juste Charity (Prix du public), de Floriane Devigne, figure également parmi les coproductions. Arrivée en France, la jeune Nigériane Charity tombe entre les mains de proxénètes. Avec l’aide de son avocate, elle se bat maintenant pour ses droits et ses enfants. Le Voyage à Eilat (Prix du public), de Yona Rozenkier, est le résultat d’une coproduction avec Israël. Albert et son fils Ben traversent Israël en tracteur, du nord au sud. A 35 km/h maximum, ils vont enfin apprendre à se connaître.
Un film rhéto-romanche
Concernant les nouveaux films alémaniques, Niccolò Castelli relève que la plupart d’entre eux ne visent plus seulement le public de cette région. Les réalisateurs développent également des coproductions et tournent des films dans d’autres langues. Il met par exemple en avant Réduit, de Leon Schwitter (Opera Prima). Lors de vacances à la montagne, un père et un fils en froid apprennent à mieux se connaître. A l’abri du paysage rocheux, Michael pense que lui et son fils sont protégés du monde extérieur, qui s’effondre sous l’effet de la destruction environnementale et des crises économiques.
Du côté de la production tessinoise, Niccolò Castelli signale les courts métrages proposés cette année. Il relève également que de nombreux films ont été tournés au Tessin, et pas seulement par des réalisateurs du cru. On peut même signaler un film d’une réalisatrice rhéto-romanche, Susanna Fanzun, qui propose I Giacometti (Prix du public). Le Val Bregaglia est la patrie d’une dynastie d’artistes: les Giacometti. Comment cette vallée sauvage a-t-elle pu produire autant d’âmes créatrices? Le film retrace l’histoire d’une famille exceptionnelle.
La majorité des films ont été réalisés pendant la période du covid. «La plupart des réalisatrices et des réalisateurs n’ont pas eu envie de parler de la pandémie. Par contre, pour tourner les films malgré les contraintes sanitaires, ils ont dû trouver des solutions, qui se révèlent intéressantes. A l’image de A Forgotten Man (Prix du public), du réalisateur genevois Laurent Nègre, presque tout le film a été tourné dans une seule pièce.» Printemps 1945: Heinrich Zwygart, ambassadeur suisse en Allemagne, fuit un Berlin détruit par les bombes. Qu’est-ce qui l’attend dans son pays natal qui n’a jamais connu la guerre? Niccolò Castelli signale encore plusieurs courts métrages expérimentaux. Selon lui, de nombreux réalisateurs ont essayé de faire des choses par eux-mêmes en restant chez eux à la maison.