«L’ordre des médecins», violence des échanges en milieu hospitalier
Cinéma
David Roux signe un premier film prometteur, mais qui perd de sa force en passant d’une approche documentaire au drame familial

La première partie du film flirte habilement avec le documentaire dans sa manière d’évoquer le quotidien d’une unité de pneumologie et de son chef de service, Simon. L’acharnement thérapeutique, le sentiment d’abandonner les patients lorsqu’on ne peut plus rien faire, l’accompagnement des familles, la pression, les horaires infernaux, la solitude: L’ordre des médecins évoque tout ça, mais toujours avec justesse. Il s’agit d’un premier film, et son réalisateur, David Roux, a des parents et un frère médecins. Il explique avoir voulu coller au plus près de la réalité d’un hôpital, éviter les clichés.
La seconde partie bascule vers le drame familial. La mère de Simon, terrassée par un cancer, est hospitalisée dans un département voisin. Voici le médecin qui contrôle tout obligé de s’en remettre à d’autres collègues, tandis que sa famille attend de lui plus qu’il ne peut donner. Là encore, David Roux s’est inspiré de son vécu et de la maladie de sa mère.
Mais paradoxalement, le récit s’affaiblit et perd de sa force en même temps que s’opère ce glissement vers une approche plus humaine, et malgré le beau duo que forment Jérémie Renier et Marthe Keller. On préfère le réalisateur lorsqu’il filme les couloirs aseptisés de l’hôpital, ses sous-sols où on peut s’extraire du monde et les discussions furtives qui disent beaucoup sur une profession qui vire souvent au sacerdoce.
L’ordre des médecins, de David Roux (France, Belgique, 2018), avec Jérémie Renier, Marthe Keller, Zita Hanrot, Alain Libolt, 1h33.