Publicité

Le monde selon Visions du Réel, de l’intimité du poète visuel Peter Mettler à l’Ukraine en guerre

Du 21 au 30 avril, le festival nyonnais accueillera notamment Lucrecia Martel, Alice Rohrwacher et Jean-Stéphane Bron. Quatorze films composent la compétition internationale d’une édition qui fait la parité entre réalisatrices et réalisateurs

«While the Green Grass Grows», de Peter Mettler (Suisse, Canada, 2023). — © DR
«While the Green Grass Grows», de Peter Mettler (Suisse, Canada, 2023). — © DR

Le vertige de l’abondance. Le festival Visions du Réel, dont la 54e édition se déroulera à Nyon du 21 au 30 avril, dévoile une programmation foisonnante face à laquelle il faudra forcément faire des choix. Un total de 163 courts et longs métrages seront en effet projetés, dont 82 en première mondiale et 11 en première internationale. Emilie Bujès, directrice depuis 2018 du festival défendant une approche décloisonnée du cinéma documentaire, se réjouit au premier chef, sans l’avoir cherché, d’une parité entre réalisatrices et réalisateurs, même si elle constate qu’à l’instar de ce qu’on observe dans la fiction, les films à plus gros budgets sont encore trop souvent l’apanage des hommes. Elle souligne ensuite une multiplicité de premiers films, au cœur même de la mission de Visions du Réel, qui, à l’opposé des grands festivals cherchant avant tout des noms, vise aussi une mise en lumière de la relève.

Lire aussi: La cinéaste argentine Lucrecia Martel va recevoir le prix d'honneur de Visions du Réel

L’édition 2023 sera marquée par la présence de trois personnalités fédératrices. Invitée d’honneur, la cinéaste argentine Lucrecia Martel (La Ciénaga, La Femme sans tête) viendra, à l’instar de sa consœur italienne Alice Rohrwacher (Les Merveilles, Heureux comme Lazzaro), invitée spéciale, évoquer son rapport au réel, la manière dont une approche documentaire peut parfois guider sa façon d’appréhender la fiction. Dans le cadre de son traditionnel Atelier, Visions du Réel accueillera le documentariste lausannois Jean-Stéphane Bron qui, paradoxalement, n’avait encore jamais été honoré à Nyon alors qu’il est depuis la fin des années 1990 une des voix les plus importantes du cinéma romand avec des films comme Le Génie helvétique, L’Expérience Blocher, L’Opéra de Paris ou plus récemment Cinq nouvelles du cerveau.

Grande interview de Jean-Stéphane Bron: «Le documentaire propose une vision construite du monde»

Riche de 14 longs métrages, la compétition internationale proposera notamment trois coproductions suisses, Antier noche, d’Alberto Martin Menacho, Pure Unknown, de Valentina Cicogna et Mattia Colombo, et surtout While the Green Grass Grows, du poète des images en mouvement Peter Mettler, qui signe là un journal intime visuel dont deux des sept parties seront dévoilées. On pourra également découvrir plusieurs documentaires empruntant les codes de la fiction, à l’image de My Father’s Prison, un film à travers lequel Ivan Andrés Simonovis Pertiñez retrace l’histoire de son père, un fameux prisonnier politique du Venezuela d’Hugo Chavez. Un film qu’Emilie Bujès n’hésite pas à qualifier de «blockbuster documentaire», avant de mettre en avant l’approche esthétique de Grasshopper Republic, de Daniel McCabe, sur la chasse nocturne des sauterelles en Ouganda.

D’autres films emmèneront les festivaliers et festivalières dans la réalité de l’Ukraine en guerre (In Ukraine, de Piotr Pawlus et Tomasz Wolski), dans les souvenirs intimes de la guerre de Corée (Defectors de Hyun kyung Kim) ou ceux douloureux d’un centre de redressement catholique savoyard (Les Oubliés de la Belle Etoile, de Clémence Davigo). La compétition nationale s’avère tout aussi passionnante, avec notamment les nouvelles propositions des cinéastes et artistes Emmanuelle Antille (The Wonder Way) et Pauline Julier (Follow the Water, coréalisé avec Clément Postec).

A propos de Pauline Julier: «Way Beyond», la petitesse de l’être humain face au Big Bang


54e Visions du Réel, Nyon, du 21 au 30 avril.