Il n’est en Suisse pas facile de réaliser des films sur des faits divers marquants. Pour preuve, le film (trop?) tardif consacré l’an dernier au «roi de l’évasion» Walter Stürm et l’impossibilité d’en tourner un sur l’affaire Günther Tschanun de 1986 ou sur la tuerie de Zoug de 2001. Retardé de deux ans pour cause de covid, le film de Laurent Wyss qui revient sur le cas du «forcené de Bienne» tient donc de l’exploit. Il faut dire que cette affaire n’a pas fait autant de victimes susceptibles de faire obstruction; et que le réalisateur, lui-même Biennois, a commencé son enquête personnelle dès les premiers jours, en septembre 2010. Tout cela l’a amené à oser un récit du point de vue de celui que le Blick qualifiait de «retraité fou furieux» («Amok-Renter») avant qu’une partie de la population ne prenne son parti durant sa cavale.