En regardant par un bout de la lorgnette, on dira que la fiction est la bonne élève. Jeudi, le Conseil supérieur français de l’audiovisuel (CSA) a publié une étude sur la présence des femmes à la télévision. Constat sévère.

Dans l’information, TJ et autres émissions, les hommes occupent 63% du terrain cathodique. Et les maigres 37% dévolus à la moitié de l’humanité la confinent souvent à des fictions de témoins, pas d’expertes. L’intérêt de la démarche réside dans son ampleur: les spécialistes ont décortiqué 1600 programmes de 16 chaînes, soit 43 000 personnes indexées, réelles ou fictives.

En fiction, 39% d’héroïnes

La fiction, à commencer par les séries puisqu’elles occupent la majorité du flux de cette catégorie, recueillerait presque la palme de la quasi-égalité. Les femmes forment 39% des bataillons des séries et films. La différence avec les autres registres semble maigre, mais elle est saluée par les analystes d’images. La fiction sauverait l’honneur du média, toujours accusé de sexisme. A noter qu’il s’agit de toutes les fictions, propres ou achetées. Olivia Pope, dans Scandal, fait aussi partie des héroïnes qui rachètent le genre.

Dans le détail, le bilan se fait néanmoins critique. Rappelant une précédente étude, le CSA estime que les personnages réservés aux femmes dans la fiction se révèlent typés: elles œuvrent dans la santé ou le social, elles sont plus gentilles et moins bien payées que les hommes. Il faudrait bien davantage d’Olivia Pope – ou, pour les nuances, d’Alicia Florrick issues de The Good Wife.

La TV, cet «instrument correcteur» de la société

Première matière a réflexion. La seconde tient au sens même de ces études. Citée par Madame Figaro, Sylvie Pierre-Brossolette, journaliste membre du CSA, a posé que «la télévision est le reflet de la société et l’instrument correcteur», elle peut donc «faire avancer les choses».

«Instrument correcteur»? Le débat est vieux, il passionne toujours: ne surestime-t-on pas l’influence du média? Et donc, indépendamment de ses mérites, Scandal fait-elle «avancer les choses»?