Sans peur ni reproches, c’est Conan le Barbare
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Conan, le plus fameux des Barbares
I l a la rage d’Alaric, la férocité de Theodoric, l’impassibilité d’Attila, l’humour particulier de Teleferic. C’est, tel que Robert E. Howard l’a créé en 1932, Conan le Cimmérien, le Barbare ultime sur lequel nos sociétés décadentes projettent leurs fantasmes de puissance.
Les aventures de Conan se déroulent dans l’«Age hyborien», qui se situe à la fin du paléolithique supérieur, quelque part entre l’engloutissement de l’Atlantide et le siège de Troie. Cette ère imaginaire autorise un syncrétisme décomplexé des mythologies gréco-latines, nordiques, anglo-saxonnes… Aucun plan chronologique ne guide la saga de Conan, juste le plaisir du récit captivant. Le Barbare n’a pas de plan de carrière: «J’ai été capitaine de mercenaires, corsaire, kozak, vagabond sans le sou, général… Diable, j’ai tout été dans ma vie, excepté roi, et je le deviendrai peut-être un jour avant de mourir.» Son credo est simple: «Il n’y a rien dans l’Univers que l’acier ne puisse trancher.»
Au début des années 80, le Cimmérien fait l’objet de deux adaptations cinématographiques qui révèlent Arnold Schwarzenegger et suscitent des sarcasmes souvent mérités, dont le plus fameux reste «Connard le barbant» inventé par Libération: le héros est bas de plafond, les films perpétuent le kitsch des années 70 et s’enlisent dans un rythme qui ne répercute pas l’accélération imprimée au récit d’aventures par Spielberg et Lucas.
Le retour de Conan à l’écran remet les pendules de fer à l’heure sombre. Le réalisateur Marcus Nispel n’a pas appris son métier dans la dentelle, mais en tournant des films gore comme le remake de Massacre à la tronçonneuse. Quant au nouveau titulaire du personnage, Jason Momoa, 32 ans, 1 m 93, métis d’Hawaiien, il s’est formé à la plage, dans Alerte à Malibu.
Conan est «né de la bataille»: sa mère enceinte est éventrée par un guerrier. A 13 ans, il est le plus redoutable des Barbares juvéniles. Il revient d’une course initiatique à l’œuf non seulement avec l’œuf intact, mais avec la tête de quatre rôdeurs picts…
Les hordes de Khalar Zym mettent le village à feu et à sang pour récupérer un fragment du casque qui fait un dieu de celui qui le porte. Le chef Corin (le néandertalien Ron Perlman) est sadiquement tué. Conan jure de venger son père. Devenu grand, il tient parole, comme on peut s’en douter…
Cette série B a l’élégance de prendre au sérieux l’univers de Howard. En outre, elle bénéficie des progrès informatiques réalisés au cours des trente dernières années et de la rupture esthétique marquée par Le Seigneur des anneaux. Des gouffres sans fond et des citadelles vertigineuses ont remplacé les anciens menhirs en carton-pâte et les colonnades de plâtre. Contrairement à la majorité des films qui évacuent le sang, Conan assume sa barbarie: les coups de sabre soulèvent des nébuleuses écarlates du plus bel effet.
Les nombreux combats traduisent bien l’équilibre entre le merveilleux et le réalisme que visait Howard. Et certains effets spéciaux, comme les guerriers de sable qui ne s’effondrent sous les coups que pour reprendre forme, sont remarquables.
Le plus délectable reste la personnalité de Conan, incarnation brutale du carpe diem. D’une humanité rudimentaire, taillée dans le silex, le colosse a des plaisirs simples, une partie de bras de fer, assaisonnée de quelques hanaps d’hydromel et d’un poing dans la gueule pour exprimer un trop-plein d’amitié virile. Lorsque la belle Tamara se demande s’il existe un dessein supérieur, le Cimmérien répond: «Je l’ignore et je m’en fiche. Je vis, j’aime, je tue et je suis satisfait.» Sacré Conan!
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Corin le Cimmérien
Père de Conan
«Quand un Cimmérien a soif, c’est de sang»