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L’acteur et réalisateur a été retrouvé mort dans un appartement non loin de chez lui à New York hier. La police enquête sur une possible overdose. Portrait d’un interprète qui de «Boogie Nights» à «Hunger Games» en passant par «Capote» avait séduit tous les publics avec des rôles souvent noirs

L’acteur et réalisateur américain Philip Seymour Hoffman a été retrouvé mort dans un appartement non loin de chez lui à New York, dimanche 2 février. Selon des sources policières citées par le New York Times, une seringue a été retrouvée à côté de son corps ainsi qu’une enveloppe qui semblait avoir contenu de l’héroïne. «Nous enquêtons sur une possible overdose», a précisé la police, alors que les médecins légistes n’ont pas encore officiellement déterminé les causes du décès.
L’interprète de The Master, de Paul Thomas Anderson (2012), avait été hospitalisé dans une clinique de traitement de l’addiction en 2013 après avoir «rechuté» au bout de 23 ans de sevrage, comme il l’avait publiquement déclaré. Il avait 46 ans.
Plusieurs collaborations avec Paul Anderson
Philip Seymour Hoffman était, bien sûr, l’interprète d’élection de P. T. Anderson avec lequel il avait collaboré à cinq reprises. Sa participation aux longs-métrages tirés de la saga Hunger Games, dans lesquels il incarnait un des adversaires de Katniss Everdeen (l’héroïne de cette trilogie, jouée par Jennifer Lawrence), l’avait fait connaître d’une autre génération de spectateurs.
C’était aussi l’une des personnalités majeures de la scène théâtrale new-yorkaise. Il avait aussi bien interprété Tchekhov que Shakespeare ou Arthur Miller et dirigé de nombreuses mises en scène.
Philip Seymour Hoffman est né le 23 juillet 1967 dans l’Etat de New York. Il suit des études de théâtre. Mais ses débuts sont laborieux: il enchaîne les petits boulots entre les rôles, sans plus de succès à la ville qu’à la scène puisqu’il se fait renvoyer de son emploi de secouriste dans un spa new-yorkais.
Mais au début des années 1990, il commence à décrocher des rôles, à la télévision d’abord (dans la série «New York, police judiciaire») puis au cinéma dans le remake de Parfum de femme – le film de Dino Risi réalisé en 1974 – par Martin Brest, aux côtés d’Al Pacino, en 1992. Il lui faut attendre 1997 et son premier rôle dans un film de Paul Thomas Anderson, Boogie Nights, sur l’époque héroïque de l’industrie pornographique, pour attirer une bonne fois pour toutes l’attention des critiques. Il interprète un personnage au bord de l’abjection, un emploi qu’il reprendra, toujours pour Anderson, dans Magnolia (1999).
Philip Seymour Hoffman ne se soucie guère du statut social ou moral de ses sujets. Correspondant obscène au téléphone dans Happiness, de Todd Solondz (1998), pasteur lubrique dans Retour à Cold Mountain (Cold Mountain), d’Anthony Minghella (2003), il décroche enfin un rôle héroïque dans Truman Capote (Capote), de Bennett Miller. Malgré sa haute stature, il réussit à se glisser dans la peau du tout petit génie de la littérature américaine, perdu dans les plaines du Kansas pour l’enquête qui donnera De sang-froid. L’exploit lui vaut l’Oscar du meilleur acteur en 2006.
Son expérience de la scène lui permet de tenir la dragée haute à Meryl Streep dans Doute (Doubt), de John Patrick Shanley (2008), adaptation d’une pièce qui oppose un prêtre soupçonné de pédophilie (Hoffman) et une nonne intègre (Streep). En 2010, il réalise et interprète Rendez-vous l’été prochain, une comédie mélancolique qui ne convainc pas tout à fait les critiques, et pas du tout le public. En 2012, son interprétation de Lancaster Dodd, le personnage inspiré de L. Ron Hubbard, le fondateur de l’Eglise de scientologie, dans The Master, de Paul Thomas Anderson, lui vaut de nombreuses nominations dont une à l’Oscar. En mai 2013, il expliquait dans un entretien au site TMZ que son addiction à l’héroïne était à l’origine de son admission dans un établissement de «rehab».