Avec sa série «I Love Dick», Jill Soloway impose une écriture, féminine et unique
Fiction TV
La créatrice de «Transparent» a conçu une histoire de passion charnelle, basée sur un roman de Chris Kraus, avec Kevin Beacon en cible des fantasmes. Amazon dévoile la série ce vendredi

Il y a comme un jeu de mots. I Love Dick, donc, J’aime Richard (diminutif «Dick»), ou «j’aime le pénis», ou «j’aime l’idiot, le crétin». Pour sa deuxième série à rayonnement international après Transparent, avec la complicité de Sarah Gubbins, Jill Soloway a choisi un titre qui garantit le ramdam.
I Love Dick est dévoilée ces jours sur Amazon Prime, le canal vidéo du grand magasin global. En huit épisodes, cette minisérie raconte la passion de Chris (incarnée par Kathryn Hahn), une cinéaste vivant en intelligent ménage avec son époux, mais qui s’amourache de Dick (Kevin Beacon), un mystérieux mâle.
La perdition au Texas
Chris suit son mari au Texas, pour un séminaire sur la créativité, qu’anime Dick. Elle tombe amoureuse, viscéralement, de ce gars rêche, qui la rudoie. Mécanique du désir, façon intello: en pâmoison, Chris choisit d’écrire des lettres à Dick, qu’elle suspend comme des petites culottes sortant de la machine à laver, sur des cordes à linge, au vu de son mari.
Le nom de l’héroïne est réel: la série s’inspire d’un roman épistolaire de Chris Kraus. Pour l’adaptation en série TV, Jill Soloway s’empare avec gourmandise de cette matière. A voir les deux premiers épisodes, la scénariste impose à nouveau, avec talent, son univers intello et psychologisant; heureusement, au contraire de Transparent – série qui ne tient que par Jeffrey Tambor –, elle pose aussi un discours.
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Une passion absurde et viscérale
Car le personnage de Chris n’est pas une femme agitée. A travers la figure de son héroïne, par sa passion absurde et viscérale contre cet homme dont même la barbichette ne frémit pas, Jill Soloway renforce son univers, son propos féministe, et féminin.
A un moment, agitée par une appétence redoublée pour son mâle cible, le personnage de Chris lance: «Pendant longtemps, la sexualité féminine a été montrée comme indigne, monstrueuse. Je veux perdre ma dignité. Je veux devenir un monstre féminin.» C’est ainsi que Jill Soloway impose une écriture, la sienne, sans concession. Une âpreté féminine.
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