The Newsroom commence lorsque Will (Jeff Daniels), le présentateur vedette de l’émission du soir d’une chaîne fictive, apprend que son équipe change, et que son ex-amie MacKenzie (Emily Mortimer) reprend la production de ce téléjournal. Ce qui n’enchante pas l’homme-tronc. Au reste, il doit composer avec de nouveaux collaborateurs, et avec les ambitions de MacKenzie, qui veut refondre l’émission afin de retrouver un esprit plus acéré («nous faisons de l’information, pas de la télévision»). Manœuvres orchestrées par Charlie (Sam Waterston), le patron à nœud papillon, lequel fait le lien, difficile, avec les propriétaires de la chaîne.
Aaron Sorkin plongeant plume et caméras dans le bocal d’une salle de rédaction TV, voilà qui a de quoi affoler ses fidèles. Toutefois, ce point précis se révèle peut-être le moins percutant de The Newsroom. De toute évidence, le scénariste, qui écrit furieusement chaque épisode comme à son habitude, aborde de nombreux enjeux du journalisme, et assume à merveille l’exploration du milieu qu’il a choisi. Sur fond de grognes sociales dues à des coupes budgétaires dans certains Etats, de Printemps arabe, de catastrophe de Fukushima, The Newsroom mêle les histoires particulières de ses protagonistes avec les débats sur la manière de traiter l’actualité, face aux événements du monde. La série n’évite pas les tensions économiques du secteur, en particulier dans un brillant troisième épisode. Par un réflexe qui rappelle sa série politique, l’auteur aime conférer à ses créatures une part d’idéalisme – ici, autant à Will qu’à MacKenzie, malgré leurs chocs incessants, et à Charlie, la digue permanente. Une posture qui enrichit les personnages tout en alimentant les tensions dramatiques.
Ainsi, The Newsroom, qui en est à sa deuxième saison, parle du monde de l’information… entre autres. Aaron Sorkin revient au débat politique, par un autre biais.
Privé des déambulations dans les couloirs de la Maison-Blanche qui permettaient les vertiges verbaux d’A la Maison-Blanche, il se trouve un peu enfermé dans cette salle délimitée de part et d’autre par des murs et des portes vitrées, et les bureaux qui la bordent. Il en fait donc une scène de théâtre. En insistant davantage sur les collisions psychologiques et relationnelles des protagonistes, et en instillant à leurs drames quotidiens une forte dose d’humour, il approche un peu plus d’une grande peinture de la société américaine. Ce qui semble constituer son dessein, son horizon. The Newsroom raconte autant le journalisme que les relations professionnelles et amoureuses dans une certaine Amérique. C’est son plus grand mérite.