Un des films événements de l’été est norvégien. Hélas, il ne sortira pas en Suisse, il faudra passer par d’autres moyens pour le voir; quelques chanceux l’ont découvert au dernier festival du film fantastique de Neuchâtel. Bølgen (The Wave) est présenté comme le premier grand film catastrophe européen qui puisse rivaliser avec Hollywood.

Il est plus subtil que cela, mais il y a en effet du grand spectacle. Inspiré par un chapitre réel de l’histoire naturelle du pays, au début du XXe siècle, The Wave raconte la submersion d’un fjord en raison de lésions fatales dans les montagnes qui l’abritaient de la mer. La vague est immense, elle s’abat sans pitié le long de la vallée maritime, jusqu’à la cossue petite ville nichée en son creux.

Le bras de mer, scène d'action

La poétique visuelle du fjord est à peine abîmée. Dans Acquitted (Frikjent), les plans intercalaires entre deux séquences sont souvent enjolivés par les images du fjord. Les réalisateurs raffolent des images aériennes suivant par exemple une voiture roulant le long du bras de mer.

Acquitted est un curieux produit télévisuel. Il a fallu un certain courage pour donner le feu vert à cette histoire d’un financier norvégien établi à Kuala Lumpur, qui revient pour affaires dans sa ville natale, là où, 20 ans auparavant, il a été accusé du meurtre de sa petite amie.

Un soap de luxe

La jeune femme était la fille de la propriétaire de l’usine d’éoliennes high-tech dans laquelle il est chargé d’investir. La dame met son veto, en vain. L’homme fait face à son passé, tandis que sa femme de Malaisie et son enfant débarquent, rendant plus complexe encore la situation du protagoniste dans sa cité, au bout du fjord.

La série créée par Siv Rajendram Eliassen et Anna Bache-Wiig joue ainsi entre la rage de vengeance et des mystères anciens mais brûlants. Durant ses 10 épisodes, Acquitted façonne ainsi un ton propre, genre de soap psychologique et économique. Comme les autres séries évoquées ici, elle est disponible en DVD. Elle prouve la variété des projets soutenus en Norvège. Dans la vague des séries à nouvelles ambitions, le pays est arrivé un peu tardivement, mais désormais, il offre une large palette.

L'éclat de rire «Lilyhammer»

Sur la scène mondiale, la chaîne publique NRK a fait sensation dès 2012 avec Lilyhammer. D’entrée de jeu, un sens de l’auto-ironie, puisque le titre fait référence à la prononciation anglo-saxonne de Lillehammer, et surtout, une malice: parachuter un ancien Soprano incarné par Steven Van Zandt au pays des neiges, en raison de la protection de témoins. Au fil de ses trois saisons, Lilyhammer a eu ses lenteurs, mais elle garde sa fraîcheur. Et elle a ouvert la brèche.

«Mammon», belle brèche

Le talent remonte les fjords, jusqu’à la capitale. Mammon (2014) réussit à captiver sur un terrain risqué, le suspense économique – du business, là aussi, mais plus grave que dans Acquitted, et avec une grave coloration politique. Un journaliste enquête sur l’immense fraude qu’aurait commise une multinationale sise à Oslo. Les pressions vont être nombreuses, d’autant qu’un proche membre de la famille est peut-être impliqué.

Ambiance visuelle techno-froide, tensions et trahisons, l’essai norvégien dans ce registre a séduit loin à la ronde. HBO a acheté la série pour l’adapter ailleurs, en commençant par la Pologne et la Hongrie.

La dure géopolitique d'«Occupied»

A propos de géographie, la surprise du printemps 2016 est venue d’Occupied (Okkupert), le feuilleton imaginé par l’écrivain Jo Nesbø. Un séisme géopolitique sur petits écrans. Le feuilleton raconte l’invasion de la Norvège par les Russes, fâchés que le premier ministre norvégien choisisse de renoncer au pétrole.

De fait, la parabole politique est moins poussée que le thème de l’occupation. De toute manière, la série frappe les esprits. Y aura-t-il une suite, après l’étonnant dernier épisode? Le diffuseur – cette fois une chaîne privée, après défection de la NRK – laisse planer le doute. Suspense norvégien.


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