Avec «Skazka (Fairytale)», Alexander Sokurov accompagne quelques tyrans dans les limbes
Locarno
AbonnéFantômes frustrés et haineux, Hitler, Staline, Mussolini et d’autres errent dans l’au-delà. A Locarno, le grand réalisateur russe dévoile un essai plastiquement splendide et moralement sévère sur la permanence du mal et l’humanisme trahi

A l’entrée de la selve obscure où s’aventure Dante, il est précisé «Toi qui entres ici, abandonne toute espérance». L’admonestation pourrait aussi figurer en exergue du conte d’Alexander Sokurov, qui a préféré une citation biblique: «Tu as étranglé Satan, porteur de passion, avec les cordes divines de ta souffrance». Staline gît sur son lit de mort. Il râle que ses bottes lui font mal, que son caleçon le serre. A ses côtés, Jésus dit «J’ai mal partout». En embuscade, un peu plus loin, Adolf Hitler épie les agonisants.