Le soleil est terrible comme la mort. Sentant sa fin proche, la vieille jument s’échappe et se terre dans un bosquet. Jean s’est laissé tenter par l’aventure de la production industrielle, mais les poulets meurent de chaud par dizaines. Le maïs grille sur pied. Au désastre du dehors s’ajoute un bouleversement intime qui renverse les valeurs patriarcales. Nicole a une copine, la postière Cécile, une femme libre, un appel d’air dans l’atmosphère plombée. Gus surprend un jour Cécile et Nicole enlacées. Il ressent cette union scandaleuse comme une trahison et en vient à détester sa mère. Quant à Jean, pris de rage, il est prêt à tuer Cécile. Les deux amantes s’en vont et c’est comme si le cœur de la ferme cessait de battre. Lorsque enfin la pluie tombe, diluvienne, elle balaie tous les rêves de réussite et d’harmonie.
Tiré d’un roman du Lausannois Roland Buti, Le Milieu de l’horizon s’inscrit au cœur de la fameuse sécheresse de 1976, signe avant-coureur du dérèglement climatique menaçant aujourd’hui la civilisation. Le film harmonise avec brio tragédie humaine, drame de la paysannerie, fin de l’enfance et catastrophe naturelle, ménageant quelques jeux d’enfants, baignades et rêveries, pour soulager l’atmosphère étouffante et le poids de la fatalité.
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Le Milieu de l’horizon, de Delphine Lehericey (Suisse, 2019), avec Laetitia Casta, Luc Bruchez, Thibaut Evrard, Clémence Poesy, 1h32.