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Soleil de plomb sur l’avenir dans «Le Milieu de l’horizon»

La canicule ravage une exploitation agricole tandis que l’harmonie familiale s’effondre. Une âpre tragédie paysanne avec Laetitia Casta

Gus (Luc Bruchez) et sa mère (Laetitia Casta). — © Outside The Box
Gus (Luc Bruchez) et sa mère (Laetitia Casta). — © Outside The Box

Ecrasée par la fournaise estivale, la ferme familiale suspend son souffle. Jean (Thibaut Evrard), le père, serre les dents en cherchant à conjurer l’inexorable ruine. Nicole (Laetitia Casta, à nouveau excellente en femme terrienne après Le Facteur Cheval), vaque au bon fonctionnement de la maisonnée. Rudy, le valet de ferme simplet, fait ce qu’on lui dit de faire. Léa, la fille, prend ses distances avec la ruralité en se concentrant sur son concert. Enfin, Gus (Luc Bruchez), 12 ans, vit le dernier été de l’enfance. Il trace la route à bicyclette, s’évade sur les planètes lointaines des bandes dessinées, lorgne les filles nues des magazines, entretient une relation ambiguë avec la petite Mado et subit la loi paternelle selon laquelle le travail prime.

Le soleil est terrible comme la mort. Sentant sa fin proche, la vieille jument s’échappe et se terre dans un bosquet. Jean s’est laissé tenter par l’aventure de la production industrielle, mais les poulets meurent de chaud par dizaines. Le maïs grille sur pied. Au désastre du dehors s’ajoute un bouleversement intime qui renverse les valeurs patriarcales. Nicole a une copine, la postière Cécile, une femme libre, un appel d’air dans l’atmosphère plombée. Gus surprend un jour Cécile et Nicole enlacées. Il ressent cette union scandaleuse comme une trahison et en vient à détester sa mère. Quant à Jean, pris de rage, il est prêt à tuer Cécile. Les deux amantes s’en vont et c’est comme si le cœur de la ferme cessait de battre. Lorsque enfin la pluie tombe, diluvienne, elle balaie tous les rêves de réussite et d’harmonie.

Tiré d’un roman du Lausannois Roland Buti, Le Milieu de l’horizon s’inscrit au cœur de la fameuse sécheresse de 1976, signe avant-coureur du dérèglement climatique menaçant aujourd’hui la civilisation. Le film harmonise avec brio tragédie humaine, drame de la paysannerie, fin de l’enfance et catastrophe naturelle, ménageant quelques jeux d’enfants, baignades et rêveries, pour soulager l’atmosphère étouffante et le poids de la fatalité.

Lire l'interview de la scénariste et de la réalisatrice:  Brûlure de l’été, brûlures de l’amour

Le Milieu de l’horizon, de Delphine Lehericey (Suisse, 2019), avec Laetitia Casta, Luc Bruchez, Thibaut Evrard, Clémence Poesy, 1h32.