Cinéma
Jean Dujardin et Elsa Zylberstein font du tourisme en Inde. Un voyage organisé par Claude Lelouch. Chabadabada Chabhagavada…

Antoine (Jean Dujardin), compositeur de musiques de film, est français; il a donc une casquette et de l’esprit. Parti en Inde pour finaliser la bande-son de Juliette et Roméo, il rencontre Anna (Elsa Zylberstein), la femme de l’ambassadeur, éprise de spiritualité orientale. Ils marivaudent. Anna ayant un désir d’enfant, elle entreprend un voyage pour rencontrer Mata Amritanandamayi. Se découvrant un caillot dans le cerveau, Antoine l’accompagne. Sur le chemin, le flirt se précise…
Sacré Lelouch! Près de cinquante films au compteur qui se confondent les uns avec les autres dans une grande farandole de chabadabada! A 78 ans, son envie de tourner reste intacte et aussi forte que la candeur romanesque irriguant son cinéma. Après Salaud, on t’aime, fadaise tribale construite autour de Johnny Hallyday avec des grâces de pub pour fromage frais, l’auteur d’Un Homme et une femme reprend la route. En l’occurrence, ce sont Dujardin et Zylberstein qui l’ont incité à les mettre en scène. Il a dit oui et pris un bon quart d’heure pour signer le synopsis de cette comédie sentimentale truffée de clichés sur l’Inde et le couple. Il ne manque pas une vache sacrée dans Un + Une et les ghats de Bénarès sont pittoresques à souhait. Le voyage géographique et spirituel culmine dans une scène de calinothérapie chez Amma, la maman universelle qui remplit les utérus et dissout les caillots.
Tambouille masala
A cette confiture de pétale de roses, il faut ajouter un film dans le film (un braqueur de bijouterie part en prison pour avoir conduit une blessée à l’hôpital), Christophe Lambert, toujours aussi piètre comédien et désormais handicapé par une voix de moulin à poivre, et Alice Pol dans le rôle de l’amoureuse négligée d’Antoine – ils s’étaient rencontrés dans un hall de gare où elle jouait du piano; ensemble ils avaient improvisé à quatre mains la mélodie de l’amour fou, ça se passe comme ça chez Lelouch… Les «Euphorismes» de Grégoire Lacroix tiennent lieu de pensée. Par exemple: «Où se posaient les hirondelles avant l’invention du téléphone?»
Les comédiens aiment jouer dans les films de Claude Lelouch car il les laisse libres d’improviser au cours de plans séquences fleuve sur des textes qu’ils viennent juste de recevoir. La méthode peut porter ses fruits. Lorsque Zylberstein et Dujardin s’imitent l’un l’autre, on rit de bon cœur. Grâce à eux, une pincée de scènes surnagent dans la tambouille masala.
Un + Une, de Claude Lelouch, avec Jean Dujardin, Elsa Zylberstein, Christophe Lambert, Alice Pol. 1h53.