C’était durant le huitième épisode. Un agent musical d’American Century, le label dont il est question, s’impatiente face à un groupe de jeunes agités, lesquels semblent manquer d’un certain cadrage. L’agent prend une guitare et joue des extraits selon les principaux genres américains, du blues à la soul naissante, traversant une galerie de registres musicaux.

Cette fois, une communion musicale

Moment d’édification, et presque de communion musicale. Une émotion qui manque à Vinyl, la série créée par Mick Jagger, Martin Scorsese et Terence Winter. Alors que sa diffusion en quasi-direct des Etats-Unis s’achève lundi prochain, que dire de cette première grande promesse de l’année, sinon exprimer un sentiment de grande frustration, de lassitude aussi?

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Oui, bien des moments brillent dans cette reconstitution du bouillonnement musical de 1973. Mais tant de choix semblent aussi malheureux, dérivant l’intrigue dans des directions convenues.

Il y a cette forte reconstitution des années 1970, d’une New York dépeinte avec lucidité, hippie et violente. Le creuset pop est aussi rendu avec forte intensité, Mick Jagger a pesé de tout son poids pour les droits musicaux (même les Beatles); on s’y perd un peu dans les époques, mais la bande sonore raconte bien une tranche d’histoire. Et Vinyl offre aussi une belle histoire d’amitié, avec sa puissante déception, entre le patron du label Richie (Bobby Cannavale) et son associé Zak (Ray Romano, tête d’Alan Parsons).

Une dispersion générale

Pourtant, on ne peut se départir d’une impression de manque, d’une image d’occasion manquée. Aux commandes du scénario, Terence Winter a voulu refaire un peu le brigandage des Soprano et de Boardwalk Empire, ses précédents chantiers, glissant une affaire de crime qui pèse sur l’ensemble de la saison, sans grand intérêt. Cela accroît la pression morale sur Richie, au prix d’une dispersion de l’intrigue. La musique, a priori cœur de la série, devient environnement, parfois même prétexte. Le 33 tours tourne lentement.


A propos de Terence Winter et «Boardwalk Empire»