Cinéma
La 49e édition du Festival international du film documentaire propose 174 œuvres venues de 53 pays. Une sélection opérée par une nouvelle directrice artistique

Créé en 1969, dans le bouillonnement idéologique post-Mai 68, le Festival international du film documentaire va sur son demi-siècle et consolide son statut. Il est «un des festivals de documentaire les plus importants du monde», selon la presse alémanique, que Claude Ruey, président exécutif, cite avec délectation. L’audience de la manifestation nyonnaise a quasiment doublé au cours des six dernières années, passant de 20 729 spectateurs en 2011 à 40 591 en 2017.
L’artisan de ce succès populaire, Luciano Barisone, a tiré sa révérence, laissant sa place à Emilie Bujès, 37 ans. La nouvelle directrice artistique fait d’emblée souffler un vent neuf en remodelant les sections. Aux rituelles compétitions internationales de métrages longs, courts et moyens, et suisses aussi, elle adjoint la section Burning Lights qui, remplaçant Regards neufs, se donne pour tâche de dénicher de nouveaux talents en s’autorisant peut-être plus d’expérimentation.
Par ailleurs, Latitudes propose un panorama plus vaste de créations plus éclectiques. Grand Angle organise en dix films des rendez-vous susceptibles de séduire le public et de frapper les esprits. Comme Anote’s Ark, qui documente le naufrage de l’archipel des Kiribati, condamné par le réchauffement climatique (en pré-ouverture 12 avril).
Claire Simon, Maître du Réel 2018
La cérémonie d’ouverture (13 avril) se déroule en présence de Simonetta Sommaruga avec Of Fathers and Sons, qui s’immerge dans le quotidien familial d’un fondateur d’une branche d’Al-Qaida en Syrie. Le festival se conclut avec Ceres, une évocation de la vie paysanne dans le Brabant. Vingt-sept productions suisses sont projetées, dont La Séparation des traces, de Francis Reusser, Ladies, de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, ou A Bright Light-Karen and the Process, d’Emmanuelle Antille.
Emilie Bujès a la grande joie d’accueillir Claire Simon, sacrée Maître du Réel 2018, dont les allers-retours souvent radicaux entre fiction et documentaire nourrissent la réflexion. Philip Scheffner et Robert Greene donneront chacun une master class et la section Focus Serbie mettra en valeur la cinématographique passionnante de ce pays. Le cinéma du Réel s’ouvre à la réalité virtuelle avec Hors-Cadre, une série de courts plongeant les utilisateurs au cœur d’œuvres picturales célèbres – en l’occurrence la série de gravures Intimité de Félix Vallotton.
Visions du Réel, Nyon. Du 13 au 21 avril.