Cinéma
Iciar Bollain retrace le destin de Carlos Acosta dans un biopic trop appliqué mais proposant de beaux moments dansés

Pour qu’un film de danse soit réussi, il faut que ses séquences de danse le soient. De ce point de vue, Yuli est convaincant. Ce biopic consacré à Carlos Acosta propose des moments d’une belle intensité, comme lorsque le Cubain incarne son père dans une chorégraphie qui le voit rejouer une scène traumatisante de son enfance, ou quand la réalisatrice Iciar Bollain propose un long extrait d’un ballet politisé dénonçant les agissements d’un général américain.
Né à La Havane en 1973, Carlos Acosta intégrera très jeune, contre son gré, l’Ecole nationale de ballet de Cuba. En 1990, après avoir tenté en vain de résister à la rigueur d’un enseignement éprouvant, il remporte le Prix de Lausanne, ce qui lui ouvrira les portes du Royal Ballet de Londres. La bonne idée de Yuli est d’avoir confié le rôle d’Acosta adulte au vrai Acosta, ce qui amène un trouble intéressant. Les jeunes années du danseur, et sa relation conflictuelle avec son père, sont à l’opposé racontées de manière trop lisse et démonstrative. La force de suggestion de la danse se voit dès lors affaiblie par un récit édifiant appuyant parfois lourdement sur ses enjeux.
Yuli, d’Iciar Bollain (Espagne, Cuba, Grande-Bretagne, Allemagne, 2018), avec Carlos Acosta, Santiago Alfonso, Keyvin Martinez, Laura De la Uz, 1h44.