Enfants. Enfances entre fiction et documentaire
Pascale Bouchié et Yvan Pommaux. Véro en mai. L'Ecole des loisirs. Dès
Pascale Bouchié et Yvan Pommaux. Véro en mai. L'Ecole des loisirs. Dès 11 ans.
Pour tout savoir de Mai 68, pour en parler avec ses enfants, pour se souvenir qu'alors on lisait Tintin et le Temple du Soleil et que Zorro et Sébastien parmi les hommes berçaient les soirées, mais surtout pour mieux expliquer et comprendre cette époque, les événements politiques et sociaux qui peu à peu ont fait naître ce mois de mai explosif, il faut lire en famille Véro en mai d'Yvan Pommaux et Pascale Bouchié.
On a beaucoup vu, beaucoup entendu, ces derniers temps, sur Mai 68, mais pas des yeux et de la bouche d'un enfant. Véro, du haut de ses 9 ans, a les préoccupations d'une fillette de son âge, mais une fillette qui cherche aussi à comprendre les soucis de ceux qui l'entourent. Cela donne un ouvrage foisonnant, où les voix se mélangent et polémiquent, où les points de vue se multiplient, les slogans se scandent et se taguent. Cela donne des pages au contenu abondant et varié, éclaté même puisque bande dessinée et narration classique s'entrecroisent dans une sorte d'élégant capharnaüm. Une réalisation riche, vivante et très convaincante.
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Nathalie Novi. La Petite Fille et l'oiseau. Didier Jeunesse. Dès 5 ans.
Par quoi commencer? Tant de choses s'accordent, dans ce bel album, pour susciter l'intérêt et le plaisir de la lecture. L'histoire est celle d'une petite fille endimanchée qui s'ennuie. Quand des invités arrivent enfin, son ennui ne fait que redoubler: c'est l'anniversaire de sa sœur aînée et personne ne s'occupe d'elle. Alors, l'enfant s'installe à son piano, l'oiseau dans sa cage se met à chanter, la fillette chante à son tour et «le monde, émerveillé, l'écoute».
Nathalie Novi délaisse, au long de ces quelques pages, ses pastels multicolores: pour évoquer les intérieurs intimistes, la musique qui peu à peu se déploie, des gris, des beiges bleutés, des roses et des verts profonds; pour dire le mal-être de la fillette, sa difficulté à trouver sa place, des perspectives fortes, des points de vue heurtés, des plans syncopés.
Ce livre est un double hommage: à l'enfance triste de Maria Callas (et, partant, à toutes les enfances tristes...), et au court-métrage New York 1935 de Michèle Ferrand-Lafaye, sur ce même thème. En fin d'album, le lecteur a le rare privilège d'entrer dans les coulisses de la création, puisqu'on nous montre croquis et dessins préparatoires à l'origine de l'ouvrage.