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Enfants. La poésie avant toute chose

Enfants.

Michelle Daufresne. Jardins en comptines. Seuil Jeunesse. Dès 6 ans

François David. Ma Bien-aimée. Photographies de Marc Solal. Editions Motus. Dès 12 ans

Ouvrir un album de Michelle Daufresne, c'est aussitôt admirer la légèreté de son trait, la finesse de ses collages et cette inventivité qui donne sens à toute matière. Papiers, tissus, fleurs séchées ou grains de sable poussent ici leur chansonnette, si délicatement accordée aux textes. Pour entrer à pas feutrés dans le monde des jardins, voici des poèmes à savourer, des vers à déguster: les arbres, les fleurs, les fruits, tout ce petit monde végétal est célébré par des textes soit de la plume de l'illustratrice elle-même, soit de Verlaine, René Char ou d'auteurs plus contemporains.

Etonnant ouvrage (pour lequel on aurait tout de même souhaité un papier différent), qui mêle avec bonheur le lyrisme au documentaire, puisque son auteure n'hésite pas à proposer aux petits lecteurs des «définitions» - mais là aussi la poésie guette: «Dans le jardin à la française, tu peux te promener dans des allées bien droites, sur des pelouses carrées, et regarder des poissons dans des bassins tout ronds.»

Un album primesautier et un brin décousu, joyeusement saltimbanque, comme une balade à cloche-pied dans les pas d'une guide savante... et sautillante!

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C'est un long, un unique poème que nous propose François David dans son dernier livre, poème tendre et délicat à l'image de cette quête de l'aimée qu'il évoque: «[...] J'ai cherché ma bien-aimée dans les paquebots en partance et les navires en arrivance, mais je ne l'ai pas trouvée [...]» De page en page, une errance se raconte, une succession d'illusions et de désillusions, à l'image des belles photographies de Marc Solal; jouant avec la couleur et le noir-blanc, avec le proche et le lointain, l'artiste fait alterner un détail du visage de l'aimée avec les représentations des lieux où le narrateur espère la croiser.

Aucun désenchantement, aucune amertume ne rythment les phrases; tout ici tient dans la subtile balance entre espoir et déception, dans la délicatesse des visions, l'élan des aspirations: autant de contrastes que suggèrent aussi les photographies, elles qui jouent délicatement avec les lumières et les tonalités. Une quête qui s'adresse aux adolescents déjà grands, sensibles aux images que les mots suggèrent et à celles que l'œil du photographe capture.