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Essai

Christian Baechler. L'Allemagne de Weimar 1919-1933. Fayard, 484 p.

La grande faiblesse de la République de Weimar, c'est, selon Christian Baechler, son perfectionnisme démocratique, du moins dans les dispositions de sa Constitution: élection au suffrage universel du parlement et du président, scrutin proportionnel, démocratie directe (arme favorite de Hitler pour asseoir son pouvoir), démocratie sociale embryonnaire grâce à un dialogue institutionnalisé entre partenaires sociaux. L'instabilité politique provoquée par ce système qui ne donne pas de majorités claires et introduit une rivalité entre le Reichstag et la présidence n'a pas peu contribué à son échec tragique. Mais Baechler n'est pas de ceux qui estiment que ces tares, de même que la montée d'un nationalisme particulièrement virulent en Allemagne, sont la cause unique de la victoire des nazis. La faiblesse aura surtout été celle de quelques hommes, d'une «camarilla autour du vieux maréchal von Hindenburg, nostalgique de l'Ancien Régime, hostile au régime parlementaire, favorable à un pouvoir exécutif fort», une camarilla qui s'est appuyée sur les grands propriétaires terriens et sur une partie des capitaines de l'industrie lourde, pressés de voir s'appliquer un programme d'armement ambitieux.