On l’a compris: à travers une demi-douzaine de mastodontes, Ta Peau si lisse s’intéresse au culturisme, cet accomplissement suprême du masochisme qui, voué à l’accroissement du volume musculaire, change les hommes en monstres. En suivant ses bodybuilders à table, à la salle d’entraînement, chez le kinésithérapeute, au salon de beauté, sur le podium ou sur le ring pour le plus mahousse d’entre eux (hobby: s’atteler à un camion pour le tracter…), le réalisateur canadien perpétue l’incompréhension teintée d’horreur que suscitent ces Hulk de banlieue. L’exercice n’est pas difficile: il suffit de laisser ces mutants herculéens prendre des poses valorisant leurs fibres pour que le ridicule jaillisse.
La stupéfaction que provoque la folie culturiste est toutefois atténuée chez ceux qui ont vu Body (le corps du frère), de David Nicolas Parel. Ce documentaire genevois a l’avantage sur celui de Denis Côté de pénétrer plus intimement la psyché des épigones de Schwarzenegger, de partager leurs souffrances corporelles et mentales et de mesurer les dangers que courent les bodybuilders, se ruinant en régimes alimentaires et anabolisants nocifs.