90 projets accueillis sur 16 scènes, elles-mêmes réparties en quatre lieux de Lausanne (La Cité, la Cantine de Sauvabelin, la Clairière de Tridel et le Verger de l’Hermitage) pour un budget de 2 millions de francs. Après une édition 2020 limitée par les consignes sanitaires, le Festival de la Cité qui court du 6 au 11 juillet prochains reprend ses couleurs d’avant la pandémie. Cela, d’autant que 19 nationalités figurent parmi les comédiens, danseurs, circassiens, performeurs et musiciens à l’affiche. Essentiellement des Européens, mais aussi une troupe brésilienne, celle de la chorégraphe Alice Ripoll, une habituée, un collectif congolais rétrofuturiste et un projet japonais où un livre dictera au spectateur le déroulé de ses actions.

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Les highlights de cette 49e édition où l’on repère encore les noms de Marie-Caroline Hominal, Cindy Van Acker, d’Yves-Noël Genod, des Batteurs de Pavé ou du rappeur Arma Jackson? La transformation de la place du Château en jardin, la tenue d’un talk-show quotidien qui sera retransmis sur Télé Vaud-Fribourg et la venue exceptionnelle du chef italo-égyptien Walter El-Nagar à la Cantine de Sauvabelin. «250 personnes se sont déjà inscrites à cette expérience qui nous projette dans la cuisine de 2100, ça démarre très fort», se réjouit Myriam Kridi, directrice de la manifestation, qui est aussi heureuse d’annoncer des escapades artistiques, le week-end du 10 et 11 juillet. Comme les autres années, la rue Pierre-Viret sera fermée à la circulation et continuera à accueillir des concerts tardifs, mais les Marches qui trônaient sur le pont Bessières se déplaceront à la Clairière de Tridel.

Le Temps: Myriam Kridi, avec votre riche programmation, on a le sentiment bienfaisant d’être revenu dans le monde d’avant…

Myriam Kridi: C’est vrai et ce n’est pas vrai. Le foisonnement de projets et de nationalités correspond à la Cité d’avant le covid, mais on poursuit notre remise en question entamée l’an dernier sur la lourdeur des équipements. A l’exception du talk-show qui doit être couvert en raison de la fragilité du matériel TV, les autres scènes sont légères, sans grosse infrastructure. La transformation en jardin de la place du Château par Nadia Lauro vise aussi à inciter le monde politique à trouver, pour cette place, un autre destin que l’actuel parking qui ne satisfait personne. Enfin, cette édition se distingue par le fait qu’elle commence plus tôt dans la journée – midi en semaine, 10h le samedi –, de sorte à offrir des atmosphères et des projets diurnes plus doux que l’électricité festive du soir. Une douceur qui correspond aussi au monde d’après, un peu ralenti, un peu meurtri.

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Pour le moment, vous avez choisi l’option «grand rassemblement de 3000 personnes, debout». Explications.

Organiser un festival avec des mesures sanitaires qui évoluent sans cesse est un véritable casse-tête. Heureusement que j’ai une équipe solide qui n’a pas peur des multiples scénarios! L’option «grand rassemblement avec 3000 personnes debout», mais qui, attention, ne consomment qu’assises – pas de bières à l’emporter! –, permet de ne pas assigner de places précises. Contrairement au Montreux Jazz Festival qui pourrait prendre une option «grand rassemblement de 5000 personnes assises» en raison de la vente de ses billets.

Cette année, alors, pas besoin de réservations pour la Cité?

Non. Par contre, on a plus ou moins enclos les quatre lieux où se déroule le festival et une fois qu’on aura atteint les 3000 personnes qui seront comptabilisées par une application connectée, les nouveaux arrivants ne pourront plus entrer… Mais tout cela peut encore s’assouplir au fil du mois de juin.

Assez parlé restrictions, parlons plaisirs. Quel est le visage de votre programmation 2021?

Avec Simone Toendury pour les arts vivants et Vincent Bertholet et Jean Prévost pour la musique, nous veillons à accueillir des projets très variés, mais qui ont en commun une capacité de pas de côté. Comme de coutume, nous n’avons que sept créations sur les 90 rendez-vous à l’affiche, dont le passionnant projet A qui réunit dans le Verger de l’Hermitage la jeune chanteuse Emilie Zoé et les musiciens expérimentés Franz Treichler et Nicolas Pittet. J’attends aussi beaucoup de Glottis, dans le jardin de la place du Château. Une proposition de la Portugaise Flora Détraz qui, de manière très délicate, teste les pouvoirs de connexion chamanique de la voix, dans un rituel dansé.

Les enfants auront-ils leur spot privilégié?

Disons plutôt leurs jours privilégiés, puisque les Escapades du 10 et 11 juillet leur sont spécialement destinées. Des spectacles de théâtre, de cirque, de danse contemporaine, de marionnettes et des concerts auront lieu dans des endroits inattendus, comme le bois de Sauvabelin, le Potager du Signal ou les Magasins de la Ville…

Et, à l’autre bout du spectre, je me réjouis du projet Grand-Mère du collectif circassien Un Loup pour l’homme. Alexandre Fray travaille depuis des années avec des aînées à qui il redonne confiance dans leurs capacités physiques. Ici, il propose de créer avec six dames âgées du cru, qui peuvent s’annoncer dès maintenant, une performance quotidienne sur les escaliers du Marché. Ça me paraît important de déstigmatiser les aînés après la pandémie, qui les a beaucoup accablés.

Parmi les nouveautés figure un talk-show quotidien animé par l’intrépide Florence Minder. Pourquoi ce choix?

Avant que la situation ne s’assouplisse, le talk-show filmé et diffusé par La Télé Vaud-Fribourg permettait d’amener le festival dans les foyers de ceux qui ne souhaitaient pas se mêler à la foule. Aujourd’hui, il remplit toujours cette fonction, mais en plus, il permet d’assister en direct à des formats courts, puisque Florence Minder invite plusieurs artistes pendant les quarante-cinq minutes que dure son show. Attention, il ne s’agira d’une émission culturelle, mais d’une suite de mini-performances présentées et mises en lien par l’animatrice.


Festival de la Cité, du 6 au 11 juillet, Lausanne.