La Riponne, et le Palais de Rumine, continue de hanter l’accouchement interminable du nouveau musée. La place a été au cœur de la campagne référendaire qui a abouti au rejet du projet au bord du lac Léman. Anne-Catherine Lyon voit dans l’option favorable à la Riponne exprimée par le groupe d’évaluation le besoin impératif de redessiner le destin des lieux. Maintenant, à la Ville, responsable du secteur, de mettre la main à la pâte. Quant au canton, il planche sur une redistribution des volumes et des espaces des musées entassés à Rumine, a indiqué la cheffe du Département de la formation et de la jeunesse.
Autrement dit, un dessein d’envergure pour la Riponne, charpenté sans délais, pourrait réduire l’animosité des défenseurs d’un musée sur la place. Quoi qu’il en soit, après l’échec dans les urnes de Bellerive, le nouveau Musée des beaux-arts repart vers des horizons «d’exception», ont souligné en chœur la ministre de la Culture et François Marthaler, responsable des Infrastructures.
L’engagement ferme des CFF ainsi que l’enthousiasme affiché par Silvia Zamora au nom de la capitale vaudoise laissent apparaître des enjeux qui dépassent le désir de musée manifesté par les Vaudois, malgré le non de novembre 2008. La halle CFF est une véritable opportunité. Canton, Ville et chemins de fer sont d’accord. Le dépôt, graduellement désaffecté à partir de 2011, offre 50 000 mètres carrés de surface logés idéalement en ville, à deux pas des trains, «au cœur de la vie des gens», a renchéri non sans poésie Anne-Catherine Lyon. Au temps des friches, Lausanne entend valoriser ce dépôt «méconnu», voisin du M2, qui a resserré depuis bientôt une année la géographie de la ville. Symboliquement et concrètement, la gare figure l’épicentre d’un réseau mettant le musée à la portée des Vaudois, des Confédérés et des étrangers en visite.
En même temps, a souligné pragmatiquement son collègue François Marthaler, les Beaux-Arts vont susciter une dynamique vertueuse. La gare de Lausanne aspire à son élargissement. Les CFF ont l’intention d’ouvrir rapidement le chantier. Pascal Broulis a rappelé encore l’intérêt pour l’Arc lémanique tout entier d’une telle perspective. L’accord Vaud-Genève entre rail et route va y trouver un terrain fertile. L’art et la culture se marieront avec le développement de la région, démographique et économique.
On voit alors se dessiner des synergies inattendues, inconnues au projet de Bellerive, certes fort en termes d’image, un rien narcissique, mais fragile sur le plan urbain, a laissé entendre Pascal Broulis. François Marthaler a exagéré à peine en évoquant les dizaines de millions de passagers qui transiteront chaque année entre ballast et cimaises.
De quoi nourrir aussi la joie de Bernard Fibicher. Le directeur du Musée des beaux-arts a salué le signal fort d’une décision claire et dans les temps du calendrier fixé.