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La Grange de Dorigny a choisi «Hamlet» pour souffler ses bougies

Le théâtre de l'Université de Lausanne fête ses dix ans de programmation avec un cadavre exquis théâtral et ludique.

La Grange de Dorigny, le théâtre de l'Université de Lausanne, fête ses dix ans de programmation suivie et professionnelle. Dix ans donc que la Grange est un «vrai» théâtre et un lieu qui compte pour les compagnies indépendantes romandes. Pour cet anniversaire fêté ce week-end, Dominique Hauser et Marika Buffat, les deux responsables du lieu, ont eu une idée alléchante. Avec Benjamin Knobil, metteur en scène de la compagnie Nonante-trois, actuellement en résidence à Dorigny, elles ont en effet imaginé une sorte de cadavre exquis théâtral, baptisé Hamlet Entr'actes. Neuf compagnies interpréteront chacune un passage d'Hamlet de Shakespeare. Les spectateurs assisteront à la tragédie du début à la fin mais avec neuf univers et approches différentes. Entre chaque partie, des entractes ludiques et néanmoins universitaires viendront apporter une touche de réflexion sur Hamlet, le théâtre, son rapport au monde, etc.

Benjamin Knobil signe la mise en scène… de la fête. «Il fallait cadrer cette profusion. La soirée se présentera donc comme un cours de sociologie du spectacle. Les spectateurs seront reçus comme des étudiants avec distribution de dossiers à l'entrée. Le professeur Jean-Yves Pidoux jouera son propre rôle en forçant un peu le trait. Les scènes d'Hamlet illustreront le cours.»

Monsieur Loyal de la fête, Jean-Yves Pidoux assure depuis deux ans le cours de sociologie du spectacle à Lausanne. Au programme de cette formation, le spectacle au sens large tant sur les scènes que dans la rue. «Mes élèves sont à la fois des passionnés de culture théâtrale ou cinématographique que des personnes qui s'interrogent sur la mise en scène médiatique de la vie quotidienne.»

Sur la scène de Dorigny, le professeur s'amusera à mettre en résonance le théâtre et la vie et conviera plusieurs de ses pairs à prendre la parole: le criminologue André Kuhn tentera de qualifier l'assassinat de Polonius par Hamlet; l'aumônier de l'Université cernera le suicide d'Ophélie; le psychologue Luc Michel lancera quelques réflexions sur la famille telle qu'elle se désagrège dans la pièce; Yvette Jaggi parlera théâtre et citoyenneté; le vice-recteur de l'université, toxicologue, fera une allocution sur les poisons auxquels Hamlet a recours pour aboutir à ses fins, etc. Chaque intervention sera limitée à trois minutes.

Les neuf troupes de théâtre qui participent à l'aventure ont tiré au sort le passage qu'elles interpréteront. Toutes ont évidemment assuré les belles heures de la Grange au cours de ces dix ans. Le Collectif Nunc, les compagnies Nonante-trois, Pasquier-Rossier, Angledange, Crochet à nuages, T-âtre, Sun and Moon, Théâtre pour le moment et les Basors ont répété chacun de leur côté et ont découvert le travail de leurs collègues jeudi lors du premier filage de la soirée. Seules obligations communes: des signes distinctifs pour les personnages afin que le public ne se perde pas entre les neuf Ophélie et les huit Hamlet (une scène ne comprend pas le prince du Danemark). Hamlet porte ainsi un pull marin tout du long et Ophélie un morceau de gaze noire. Dominique Hauser est encore sous le charme de cette première répétition générale: «Il y a quelque chose de formidablement ludique à voir bout à bout neuf façons si différentes d'appréhender ce monument théâtral qu'est Hamlet.»

«Hamlet Entr'actes!», Grange de Dorigny, Lausanne, 19 janvier à 19h, 20 janvier à 17h.

Loc. 021/692 21 24 ou 021/318 71 71.