Comme souvent, les termes en dialecte dont l’usage déborde parfois dans la langue écrite sont ceux qui n’ont pas d’équivalent exact en allemand standard. Ou des mots qui ont une touche familière particulière. «Gspänli», l’équivalent de camarade de classe ou de copain et copine sur une aire de jeu, réunit ces deux traits. Sa terminaison en «-li» est caractéristique de ce qui est petit ou familier. Le «Gspänli» – traduit par ami, compagnon ou camarade selon le très officiel Duden – fait partie de la multitude de nuances qui vont de l’ami proche au collègue de travail en dialecte. Le terme de «Kolleg», qui n’est pas limité aux seuls collègues de travail en Suisse alémanique, est aussi souvent une source d’incompréhension avec les Allemands fraîchement installés en Suisse. «Comment se fait-il que tout le monde ait autant de collègues ici», plaisantait une Allemande venue du nord du pays.
Autre atout: à l’époque de la Guerre froide, «Gspänli» remplaçait aussi l’emploi du terme «Kamerad», qui aurait pu le rendre suspect de sympathies avec l’ennemi situé de l’autre côté du Rideau de fer.
Le terme est parfois aussi employé, au second degré, par des étudiants qui placent des annonces pour rechercher un colocataire. Il apparaît même dans la presse écrite, souvent pour ironiser à propos de quelqu’un à la recherche d’alliés. «Ueli Maurer soll bald ein Gspänli erhalten» (Ueli Maurer devrait bientôt recevoir un camarade de jeu), titrait ainsi le Tages-Anzeiger au sujet de l’élection du nouveau conseiller fédéral en décembre 2008, en soulignant son isolement comme seul représentant de l’UDC au sein du futur gouvernement. Mais, c’est bien connu, le Palais fédéral n’est pas une aire de jeu où l’on se fait si facilement de nouveaux amis!
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