Lancée pour concurrencer A la Maison Blanche (LT du 29.10.05), Commander-in-chief n'en a ni le panache, ni la verve corrosive. Le discours inaugural de la cheffe («la liberté, ce cadeau de notre pays au monde», etc.) montre l'absence totale de recul des créateurs, barricadés derrière leur argument féministe.
La fin de X-Files, en 2002, avait laissé exsangue le domaine du fantastique. Cette rentrée annonce le retour de l'étrange, avec des histoires d'invasion extraterrestre, de Triangle des Bermudes ou de mystères inexplicables. C'est le créneau de Supernatural, due au cinéaste McG. Ou la quête de deux frères dont la mère a péri dans un incendie irréel, et qui se mettent en tête de chasser les succubes et autres vilains fantômes du pays. Pas de quoi hurler avec les loups.
Les bonnes surprises viennent du registre humoristique, lui aussi un peu délaissé depuis quelques années. Créée par Greg Garcia, My name is Earl raconte comment ledit Earl gagne au loto, puis est balayé par une voiture en perdant le ticket chanceux, avant d'avoir la révélation de sa vie à l'hôpital en écoutant les confessions d'un philosophe à la petite semaine: il faut faire le bien autour de soi pour qu'il nous arrive de bonnes choses.
Cette fumeuse sagesse du «karma», Earl va l'appliquer en rachetant toutes ses fautes passées. Il s'attelle donc à sauver la vie sentimentale de son ancien souffre-douleur à l'école. Anti-Joséphine ange gardien, grande fresque du pardon aux relents de bière tiède et de tables de billard, la série promet un humour cul-terreux des plus plaisants. Avec HBO, l'anglais Ricky Gervais, connu pour sa satire du monde du bureau The Office, propose Extras. Ou la prometteuse odyssée d'un quadra sans talent qui s'improvise comédien. La TSR dit être en discussion pour sa diffusion, de même que Supernatural et My name is Earl.
Au Brésil, terre natale des telenovelas, le réalisateur Guel Arraes mène une expérience originale montrée au festival. Chaque épisode de Cena Aberta décrit l'adaptation d'un livre pour la télévision, détaillant les répétitions, les tâtonnements, les discussions des acteurs...
Enfin, du Danemark vient la preuve que les policiers européens ne sont pas condamnés à ressembler à Commissaire Moulin ou Derrick. The Eagle (Ørnen) suit les enquêtes d'un inspecteur sensible, qui se fie à son intuition plus qu'aux indices matériels. Le pilote donne le ton, avec une fausse alerte au nom de code de «Jihad» dans l'aéroport de Copenhague. Imitant parfois trop les productions américaines, The Eagle se singularise pourtant par une esthétique froide et métallique, exprimant l'écrasement des personnages dans un «monde globalisé et incompréhensible, qui fait toujours plus irruption dans la vie des individus», selon la note des producteurs. Un chantier ambitieux: rassemblant les télévisions nordiques, tournée en Scandinavie, Allemagne, France et Russie afin de mieux refléter ce monde du «crime sans frontières», la série a été produite d'emblée en trois saisons de huit épisodes. A surveiller en DVD, la diffusion télé semblant très improbable ici.
Festival Cinéma Tout Ecran, jusqu'au 6 novembre. Rens. 022/809 69 19 ou sur http://www.cinema-tout-ecran.ch