Cinq ans plus tard, Olympia 1962 (Trema/ Disques Office) le restitue en grande forme: c'est la face publique au sein de All Stars toujours plus fades que n'a pas encore désertés Billy Kyle, pianiste au toucher cristallin dont Bud Powell a fait l'éloge et que le preneur de son semble avoir à la bonne.
C'est à peu près tout pour les inédits officiels. On pointera encore dans les bacs des disquaires quelques incontournables de ces années d'après-guerre: Plays W.C. Handy, peut-être le plus indispensable (Sony), Ella & Louis (Verve/Universal), The Great Summit avec Ellington (Roulette/EMI). Et, pour l'émotion, And His Friends (RCA/ BMG), ultime séance pour laquelle un impressionnant parterre d'invités avait fait le déplacement. Y compris Miles Davis, qui s'y fend aux côtés de Satchmo d'un de ses très rares sourires.
Deux intégrales concurrentes se partagent l'avant-1947, soit la part la plus savoureuse du gâteau. Classics (Disques Office), la plus expéditive, en est à son 16e volume et couvre les années 1925-1947. Beaucoup plus fouillée mais plus lente dans son rythme de parution, Masters Of Jazz (Disques Office) balise, avec 8 volumes parus, la tranche 1923-1926. Un travail de bénédictin signé Irakli de Davrichewy, grand armstrongologue devant l'Eternel qui ajoute à ses commentaires, sous forme de graphique, l'analyse structurelle de chaque solo du maître!
Les antiboulimiques trouveront dans les deux coffrets The Quintessence (Frémeaux vol. 1 et 2/Plainisphare) un somptueux survol de la période. Enfin Patrice Caratini s'est livré dans son Darling Nellie Gray (Label Bleu/RecRec) à un brillant exercice dit de «variations sur la musique de Louis Armstrong»: de quoi s'assurer que l'œuvre de Satchmo se prête aux relectures les plus contemporaines.