OPINION. Les fonds levés par les start-up suisses sont les meilleures chances de préparer les emplois de demain

Une progression du bénéfice net d’UBS de 54,2% et de 20% pour Novartis? Voilà deux excellentes nouvelles, d’autant plus dans le contexte de la pandémie actuelle. Oui, les inégalités se creusent à travers le monde, de manière dramatique. De nombreuses études le démontrent et la Suisse n’échappe pas au phénomène. Les files d’attente de centaines de personnes pour un sac de nourriture ont rendu ces écarts visibles, à Genève, de manière criante. La bonne santé des grandes entreprises suisses est un des moyens d’y répondre. Car les bénéfices impliquent des emplois et des rentrées fiscales. Avant de pouvoir redistribuer, l’Etat doit récolter.
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Autre bonne nouvelle du jour – miracle, nous pouvons les aligner –, les levées de fonds des start-up suisses ont été fructueuses en 2020, dépassant encore une fois 2 milliards de francs. Quelques très beaux exemples, proches de nous, portent cette réussite. Deux sociétés vaudoises figurent même dans le top 5 national des levées de fonds: Sophia Genetics, un des leaders mondiaux de la médecine basée sur les données, a convaincu des investisseurs pour 110 millions de francs. Kandou Bus, un spin-off de l’EPFL qui développe des solutions de transfert de données à haut débit, a rassemblé 84 millions de francs. D’autres sociétés suivent, plus petites, mais pas forcément moins prometteuses.
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Rivaliser un jour avec UBS ou Novartis
Bien sûr, les esprits chagrins constateront que le monde de la pharma bâloise a doublé les entrepreneurs vaudois, compareront les performances cantonales, joueront les Romands contre les Alémaniques. Mais il est aussi possible de regarder ces chiffres autrement. Considérer d’abord la Suisse comme un pays de la taille d’une ville et jouer l’unité, face à la concurrence d’autres places. Reconnaître que ces montants sont le résultat d’années d’efforts, réalisés notamment par les travailleurs de l’ombre du capital-risque, ceux qui se promènent dans les laboratoires, les auditoires, les salons privés pour convaincre les chercheurs et les entrepreneurs de se lancer, les aider à construire leur société et à la vendre, ou se vendre.
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Pourquoi ces 2 milliards investis sont-ils si importants? Investir, c’est croire à l’avenir, et donc plus que jamais nécessaire. Il y aura bien sûr des échecs. Mais ces fonds sont les meilleures chances de préparer les emplois de demain. En misant sur des cerveaux et des structures qui viendront un jour peut-être, qui sait, rivaliser avec UBS, Novartis et leurs bénéfices.
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Il y a 4 semaines
"Vous ne savez pas vous vendre"... Combien de fois le jeune universitaire en quête de son premier emploi n'entend-il pas ces mots quand, diplômes en poche - ne l'a-t-on pas assez emmerdé pour qu'ils les finissent enfin, ces études qui n'en finissaient pas? -, ils pousse, plein d'espoir, la porte de son premier poste et avance en conquérant sur ce qu'il croit être la voie royale de l'enseignement et de la recherche? Il lui reste encore à en connaître la condition humaine pour que le cycle guerrier soit complet.
Car, comme l'école qui y prépare, la recherche c'est la guerre. Guerre au chômage d'abord, constate bientôt le postulant. Si la seule aventure encore ouverte à l'homme moderne est bien, comme il l'a d'abord cru, la recherche, c'est surtout celle d'un emploi. Mais, chien! Elle est bien gardée, la science...
"Le sot cherche les emplois et finit le plus souvent par les trouver", se console-t-il tandis que ses souvenirs de lecture de Chateaubriand lui reviennent en mémoire. En réalité, il observe que c'est l'inverse. Avec les chasseurs de têtes qui prolifèrent comme des cancrelats et viennent racoler du cerveau, preuve qu'il n'en ont guère eux-mêmes, jusque sur les campus des hautes écoles, c'est l'emploi qui nous cherche, se dit-il.
Pourquoi se fatiguerait-il alors à chercher du travail? Oui, Chateaubriand avait raison.
Il réalise enfin que, comme le rappelle Ivan Illich à propos de l'école, l'université fait de vaines promesses de salut aux pauvres de l'ère technologique. Et le pauvre du temps qui court, qui court toujours plus vite, c'est lui.
"Vous ne savez pas vous vendre", lui répète-t-on à chaque nouvelle tentative de trouver de l'embauche. A quoi, enfin conscient que les diplômes sont des passeports pour nulle part, il n'a même plus la force de répondre que ce sont les filles de joie qui se vendent.
N'est-il pas enfin mûr pour qu'on le recycle, qu'on le ré-éduque? Qu'il accomplisse enfin sa révolution culturelle? D'échec en échec dans sa recherches d'emploi, n'a-t-il pas enfin acquis le profil idéal pour rejoindre, à son tour, la pléthore des formatrices et formateurs de gens au chômage, incapables de trouver de l'embauche pour eux-mêmes et recyclés dans la formation grâce à leur incompétence?