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Directeur jusqu’en 2012 du Palais de Tokyo à Paris, ce Neuchâtelois, curateur souvent inspiré, sera chargé de projeter la plus grande institution muséale romande dans une nouvelle dimension

Marc-Olivier Wahler succédera en 2020 à Jean-Yves Marin à la tête du Musée d’art et d’histoire (MAH) à Genève. C’est l’invité-surprise, celui qu’annonçait la rumeur depuis quelques jours. Le jury chargé d’éplucher les dossiers de candidatures a donc misé sur un curateur talentueux de 55 ans, directeur au début des années 2000 du Swiss Institute à New York, puis entre 2006 et 2012 du Palais de Tokyo, cette scène phare de l’art contemporain à Paris.
Le don de la vulgarisation
Surprise, dites-vous? Oui, parce que ce Neuchâtelois incollable sur l’art contemporain, dont les expositions ont souvent marqué, n’a pas a priori le profil pour un musée encyclopédique qui comprend notamment un département d’archéologie, un autre de beaux-arts, une collection d’horlogerie remarquable, mais aussi un cabinet d’arts graphiques – l’ancien Cabinet des estampes, qui fut longtemps l’un des fleurons du MAH grâce au travail formidable de Rainer Michael Mason dès les années 1980.
Mais Marc-Olivier Wahler a des atouts dans sa manche de globe-trotter: une expérience qui a marqué les esprits au Palais de Tokyo, une aptitude reconnue à rendre accessible des univers artistiques complexes, un discours sociétal aussi sur l’art contemporain considéré comme le véhicule de nos mutations.
En 2015, lors de la Biennale: Marc-Olivier Wahler, rencontre vénitienne
Un récit sur Genève
C’est cette dimension qui a pu séduire le jury. Au mois de juin dernier, une commission de personnalités présidée par Roger Mayou et Jacques Hainard – qui figurent aussi dans le jury qui a choisi le nouveau directeur du MAH – rendait un rapport en forme de feuille de route.
L’idée-force du groupe Mayou-Hainard? Que les collections soient la source d'un récit sans cesse renouvelé sur Genève, comme le rappelait Sami Kanaan, ministre municipal de la Culture, au printemps passé: «Le MAH et ses collections doivent raconter Genève dans toutes ses dimensions, politique, intellectuelle, artistique, etc. Cette ambition suppose un décloisonnement massif.»
En 2006: Marc-Olivier Wahler s'est imposé à Paris grâce à son succès à New York
Prochaine étape, l'agrandissement du musée
Marc-Olivier Wahler sera chargé de mettre en musique ce début de partition, d'en écrire la suite surtout. Le musée, lui, sera agrandi. Un concours d'architecture sera lancé et le lauréat désigné au début de 2021. Les travaux devraient commencer en 2023. Dans un monde parfait, le MAH nouveau pourrait voir le jour en 2026. Mais à Genève, les scénarios idylliques sont rarement ceux qu'on privilégie.
Marc-Olivier Wahler en cinq dates
1964 Naissance à Neuchâtel
1995 Cofonde le Centre d'art de Neuchâtel qu'il dirige pendant six ans
2000 Dirige le Swiss Institute à New York où il promeut des plasticiens d'aujourd'hui
2006 Prend la direction du Palais de Tokyo à Paris, musée phare de l'art contemporain
2012 Quitte le Palais de Tokyo. Il crée alors sa structure, Chalet Society, avant de prendre les rênes dans le Michigan du Eli and Edythe Broad Art Museum.