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James Ivory ironise sur le grand divorce transatlantique

Comédie de mœurs très légère, «Le Divorce» confond bulle de champagne et bulle de savon.

On connaît bien l'intérêt de Merchant-Ivory (Le Temps du 29 novembre), cinéastes cosmopolites entre tous, pour le choc des cultures. Après Les Européens, Chaleur et poussière et Jefferson à Paris, le trio inséparable formé par l'Américain James Ivory (réalisateur), l'Indien Ismaïl Merchant (producteur) et l'Allemande Ruth Prawer Jhabvala (scénariste) revient sur ce thème cher avec Le Divorce, adaptation d'un roman de l'Américaine Diane Johnson (1997). A priori, ils ne pouvaient mieux tomber qu'en cette période de relations franco-américaines tendues, où les accusations de «naïveté» et d'«arrogance» volent bas entre Paris et Washington.

C'est donc d'un œil amusé qu'on suit les aventures d'Isabel Walker, jeune Californienne débarquée à Paris pour soutenir sa sœur Roxeanne, abandonnée par son mari Charles-Henri de Persand alors qu'elle est enceinte. Tandis que le divorce se précise, les deux familles se disputent un tableau attribué à Georges de La Tour et Isabel entame une liaison avec Edgar, un politicien de droite, marié, qui se trouve aussi être l'oncle de Charles-Henri…

L'initiation amoureuse d'une ingénue au pays de la rouerie, un tableau qui résume bien la question du patrimoine culturel, des Américains confrontés à la subtilité déroutante des codes sociaux français: il y avait de quoi faire. A la tête d'un casting digne de Robert Altman, James Ivory s'en donne à cœur joie et distille sa sophistication coutumière. Malheureusement, on a vite compris que le film ménagera la chèvre et le chou sans aborder de front son sujet. Isabel (Kate Hudson) reste une tête en l'air sans envergure tandis que le personnage plus substantiel de Roxeanne (Naomi Watts de Mulholland Drive) est par trop délaissé.

Surtout, on a l'impression que les auteurs ont définitivement oublié que tout le monde ne vit pas dans les sphères raréfiées qu'ils affectionnent, loin de toutes contingences matérielles. De sorte que, pour qui resterait insensible au charme discret de la (haute) bourgeoisie et peinerait à se réjouir des millions rapportés par la vente du fameux tableau aux enchères, Le Divorce risque de paraître bien superficiel et vain. Un demi-ratage qui confirme le lent déclin de la maison Merchant-Ivory.

Le divorce, de James Ivory (USA, France 2003), avec Kate Hudson, Naomi Watts, Thierry Lhermitte, Leslie Caron, Glenn Close, Matthew Modine.