C'est un mot aux consonnes dures et claquantes. La rythmique n'a pourtant rien de collet monté. Emile Jaques-Dalcroze en sait quelque chose, puisque c'est lui qui a inventé cette méthode. «Un jour, il a poussé les tables et il a demandé à ses élèves de marcher tandis qu'il improvisait au piano. Il voulait que les gens aient une sensation physique du tempo. C'est ainsi qu'est née la rythmique», résume Jean-Marc Aeschimann, doyen et professeur à l'Institut Jaques-Dalcroze de Genève.

Voilà un siècle qu'Emile Jaques-Dalcroze jeta les bases de sa méthode. Aujourd'hui, le succès est tel que plus de 200 musiciens, enseignants et artistes sont attendus au 33e Congrès international de la rythmique. D'autres écoles, inspirées de cette méthode, ont essaimé en Europe, en Asie, en Australie, aux Etats-Unis… Et c'est pour favoriser un rassemblement, créer un «carrefour d'échanges pédagogiques sous toutes ses formes» qu'a lieu ce congrès à Genève.

2500 élèves

«L'Institut Jaques-Dalcroze est la plus grande école de rythmique au monde», précise Jean-Marc Aeschlimann. Soit 2500 élèves et 13 centres de quartier où les cours ont lieu. «Seul notre établissement a l'infrastructure nécessaire pour accueillir les congressistes.» Les piliers de la méthode reposent sur les liens entre musique et mouvement, l'improvisation musicale et corporelle, et surtout le jeu. «L'idée de départ, c'est que la musique ne soit pas seulement une abstraction intellectuelle, mais aussi une réalité vivante pour l'être humain. Le mouvement corporel favorise l'apprentissage musical; de même, la musique aide le développement corporel.»

Loin d'être une formation improvisée, la méthode Jaques-Dalcroze exige quatre ans d'études pour obtenir le diplôme. De nombreux disciples l'exportent à l'étranger. «Une de nos étudiantes est partie en Espagne. Elle travaille maintenant dans une école de danse professionnelle. Elle apporte tout un volet axé sur la musique, le solfège et la rythmique.» La méthode Jaques-Dalcroze est aussi présente dans les écoles de théâtre, les conservatoires et les universités.

Ce 33e congrès mettra l'accent sur l'interaction entre les arts. «Nous aurons un atelier de rythmique, d'arts visuels et de technologie nouvelle.» Outre des tables rondes, conférences et jam-sessions réservées aux congressistes, le public pourra découvrir quatre spectacles au Théâtre Am Stram Gram. Des écoles du monde entier (Varsovie, Dresde, Japon, Barcelone…) déclineront leurs sensibilités. Les pianistes Olivier Rogg et Lee Maddeford donnent ce soir le coup d'envoi, au Bistro de l'Institut (à 21 heures).

33e congrès international de la rythmique. 16-26 juillet. Genève, 44, rue de la Terrassière. Loc. 022/718 37 70. Site Internet: www.dalcroze.ch