Jazz. Henry Grimes, retour du perdu de vue
Le contrebassiste de Ayler, disparu pendant trente ans, revient au jazz. Bonne arrivée.
Jazz. Henry Grimes Trio. Live at the Kerava Jazz Festival (Ayler Records CD-028/Karbon)
L'histoire montre qu'il ne faut pas toujours exhumer les anciennes gloires de leur retraite. Henry Grimes, pendant trois ou quatre ans dans les années 60, a enregistré avec Albert Ayler entre 100 autres poulets free. Pendant quelques mois, il a même servi d'incarnation à la contrebasse décloisonnée. Plus tard, sans mot dire, Grimes a pris ses jambes véloces à son cou ramassé et il est allé du côté de Los Angeles pour devenir un acteur célèbre. Echec total, vente rapide de son instrument au Mont-de-Piété, cargaison de petits métiers provisoires (gardien de parking, ouvrier de chantier et d'autres). Quasiment clochardisé, installé dans un motel où il ignorait jusqu'à la mort d'Ayler trente ans plus tôt, Henry Grimes était donné pour mort par plusieurs dictionnaires du jazz.
Que nenni. Un journaliste bien intentionné s'est un jour demandé ce qu'il était advenu du contrebassiste comète. Deux mois après la parution d'un article dans le magazine anglais Wire, Henry Grimes recevait une quatre-cordes de la part de William Parker. Et son retour était annoncé à Manhattan. Drôle de résurrection, de retour au jeu qui s'emballe aujourd'hui dans une parution brillante. David Murray, successeur désigné d'Ayler, souffle dans un ténor frictionné. Et Hamid Drake est, comme toujours, une émeraude de batteur. Probablement pas l'album du siècle, mais un Live drolatique, distancié et investi. Comme si le jazz, c'était comme le vélo. Henry Grimes, joli son métallisé, n'a pas eu le temps de désapprendre.