Dubuffet aimait les marginaux mais n’en était pas un. Il avait la trogne, la tenue, le propos direct et destructeur du culturellement correct, expression pas encore en vogue de son temps. Il pratiquait un art râpeux – matières, formes symboliques, couleurs parfois vives. Le contraire d’un académisme dont il n’aurait pas eu les moyens. Comme beaucoup d’artistes des années 40-50, il n’était pas un peintre doué mais un homme dont l’infatigable pensée sur l’art lui a permis de créer une œuvre personnelle. Beaucoup de livres, de critiques de l’ordre établi bâties sur un socle confortable, des légendes bien entretenues, et le sens du commerce appliqué au marché de l’art.
Avec son tempérament d’anarchiste né dans des draps de soie, Jean Dubuffet est une personnalité contradictoire dont l’art est lui aussi contradictoire. L’apparent désordre du sien est calculé, savant, voire appris. Il n’y a personne de plus intégré que lui au monde artistique de son temps, alors qu’il défendait les artistes venus du dehors, la spontanéité d’une création hostile aux règles et aux conformismes, tout ce dont il savait lui-même, avec malice, rendre l’essentiel dans son œuvre.
Tout l’été, Le Temps remonte les chemins tortueux qui ont aidé certains des plus grands artistes à trouver leur voie.
Il faut bien commencer quelque part (4)