Le voici en DVD où il s'annonce comme un succès dans la lignée des Choristes. Enfants, nostalgie: une formule imparable. En septembre 1960, une patrouille de huit scouts entre 12 et 16 ans escalade le massif du Brévent (2500 m) et s'y perd. Emoi national. L'histoire est incarnée par les enfants-stars du cinéma français (Jules Sitruk, Damien Jouillerot, etc.) bien encadrés (Richard Berry, Bernadette Lafont, Rufus, Patrick Bouchitey, Bernard Haller). L'histoire, surtout, est vraie. Et même autobiographique: Davy était l'un des scouts.
Sur fond de guerre d'Algérie, le réalisateur renoue avec un certain «cinéma de papa». Sauf qu'il y a un hic. Les titres des précédents films de Davy, 62 ans, ne l'orientaient en effet pas exactement vers les gentilles Aiguilles rouges: La Débauche (1971), Les Bananes mécaniques(1973), Prenez la queue comme tout le monde (1973), Q(1974), Exhibition (1975), Prostitution (1975), Infidélités (1975), Les Pornocrates(1976), etc. Et, surtout, il n'avait plus rien signé depuis 1984. Chacun a droit à sa rédemption. Sauf qu'avec Davy c'est autre chose.
Cinéaste depuis l'âge de 15 ans, il signe un long métrage à 19 ans (Une Mort joyeuse), qui ne sera jamais monté (8000 mètres de pellicule 35 mm planqués sous son lit)! A 20 ans, sous l'influence de Luc Moullet, alors aux Cahiers du cinéma, et grâce à un système de souscription qui lui permet de réunir 30000 francs de l'époque, il arrive à ses fins avecL'Attentat, hommage à Godard, son maître. Sauf que personne ne veut le voir. L'Attentat reste dans ses boîtes.
Mai 1968. Davy est à Ouagadougou pour son service militaire. Il réalise des films d'éducation pour les paysans africains. Et prépare un policier, L'attentat était en noir et blanc, qu'il tourne à son retour en France. Nouvel échec, suivi par le naufrage d'un film fantastique, Le Seuil du vide.
Ruiné, sans carte professionnelle, Davy se refait alors avec des comédies paillardes et a un coup de génie qui préfigure la téléréalité ainsi que des émissions type Strip-Tease: il décide de consacrer un documentaire, Exhibition, au quotidien de l'actrice de X Claudine Beccarie. Il est alors sélectionné à Cannes, atteint 3 millions d'entrées en France, est classé Art et Essai, puis X, puis Art et Essai, puis X et finalement Art et Essai. Il a trouvé sa vocation et poursuit avec d'autres œuvres du même genre. Il est alors le roi du X en France. L'argent rentre, lui permet de produire, notamment La Meilleure Façon de marcher de Claude Miller.
Lorsque la censure giscardienne le prend finalement à la gorge, comme toute l'industrie du X, Davy a un nouveau coup de génie, qui l'éloignera de la réalisation jusqu'aux Aiguilles rouges: il devient un industriel important du marché naissant de la vidéo. Non pas dans le porno, mais au contraire dans l'édition de grands classiques sous les labels Fil à film, Les Films de ma vie, Palme d'or, Opening. Son labo de duplication, Vidéo Pouce, est le plus grand de France et transforme le quartier avoisinant, près de Paris, en zone industrielle!
Uniquement en hommage à ce parcours, Les Aiguilles rouges mérite le coup de chapeau ici présent.