Karen Duve: Déluge
Karen Duve Déluge Trad. de Pierres Deshusses Rivages,
Karen Duve
Déluge
Trad. de Pierres Deshusses
Rivages, 268 p.
Léon n'a qu'un seul ami mais qui lui veut beaucoup de bien: Harry. Pour cet écrivain en panne, le contrat que lui fourgue son copain est inespéré: écrire la biographie d'un ancien boxeur devenu souteneur lui paraît un jeu, et très rentable aussi! Avec l'avance, Léon s'achète donc une maison au bout du monde, dans les marais quelque part à l'Est, là où les gamins lui hurlent: «Connard de l'Ouest!» C'est le début visqueux d'une grande catastrophe boueuse qui commence par la découverte d'un cadavre de femme flottant dans un étang et qui finit par engloutir le lamentable Léon dans le limon maternel. Déluge (Regenroman, Eichborn, 1999) a valu à la jeune Karen Duve, née en 1961, un succès immédiat. Si c'est une métaphore de la nouvelle Allemagne, on peut dire que le pays prend l'eau. Il ne cesse de pleuvoir pendant tout un été, tout se dilue et se dissout: les sentiments, les énergies, le jardin dévoré par les limaces et jusqu'à la maison elle-même qui gémit avant de rendre l'âme. Seule présence chaleureuse, le chien Noé ne peut pas grand-chose pour ces humains imbibés d'humidité. Karen Duve pratique un humour noir qui sauve, par sa sécheresse, son terrifiant récit.