Publicité

A l'Arsenic, dix performances comme autant de surprises

Le théâtre lausannois met l'accent sur une forme d'art qui titille la curiosité du public.

La performance a son public, titillé par l'inattendu, la singularité et la prise de risque des artistes. Les soirées de vendredi et samedi organisées par l'Arsenic l'ont à nouveau prouvé avec leur liste d'attente. Le théâtre lausannois se profile ainsi comme un des lieux susceptibles, en Suisse romande, de faire vivre l'art performatif dans sa diversité. L'Usine à Genève, les organisateurs d'événements Art Sens et d'autres ont déjà prouvé leur intérêt pour cet art vivant.

Ce week-end, l'Arsenic, avec la collaboration du performer Yan Duyvendak, avait d'ailleurs particulièrement misé sur cette diversité. Vendredi se sont succédé des formes aussi variées que le physique Partition pour huit muscles et un sampler de Gaspard Burma, le délicat Petit Cirque de Laurent Bigot, ou encore l'invitation de San Keller à lui raconter des histoires dans son lit!

Samedi, la Bâloise Barbara Naegelin a ouvert les feux, avec une parodie soignée des livres et émissions donnant des recettes de bonheur – «souriez pour être heureux!» – mêlant vidéo et jeu en direct. La finesse est devenue absolue avec les dépliages de la Coréenne Leeon, façon pop-up, ces livres animés où le paysage se révèle en trois dimensions quand on ouvre les pages. Accompagnée au violoncelle, l'artiste proposait, en maniant une petite caméra et deux lampes de bureau, une promenade dans une architecture miniature qui tenait beaucoup du théâtre d'objets. En s'enfermant, cornac sculptural, dans le ventre d'un immense éléphant de baudruche transparent, la Zurichoise Victorine Müller s'inscrivait dans la même famille esthétisante et poétique de la performance. Dandy inclassable, Mirzlekid terminait la soirée avec une série de mini-performances malheureusement un peu brouillonnes.

Entre ces actions, Judith Wälti, jeune artiste de Schaffouse, offrait, dans le foyer, la forme sans doute la plus pure de la performance. Délicate femme-sandwich au regard désarmant, elle mettait clairement en jeu son propre corps, en invitant à un effeuillage intime. Seulement vêtue d'un porte-cartes postales, elle passait entre les tables en invitant à choisir une des cartes qui la protégeaient de la nudité tout en l'exposant, chacune cadrant un morceau de son propre corps photographié nu. Et chacun d'hésiter – moment précieux, entre une hanche, une cuisse pâle, un téton rose, un pubis ombré…