Publicité

De l'art d'inventer des formes en culbutant les mots

Bouillonnement. Le critique Serge Fauchereau examine les racines littéraires des grands mouvements artistiques, de l'expressionnisme au surréalisme en passant par le dadaïsme

Expressionnisme, dadaïsme, futurisme, constructivisme, surréalisme, sont des mouvements qui ont fortement marqué les Beaux-Arts au début du XXe siècle. Essayiste et critique d'art, Serge Fauchereau s'intéresse toutefois ici à leurs racines littéraires. Et même si «les dénominations en isme sont de simples commodités», l'écrivain tisse leurs connivences. Avec force exemples, il démontre notamment combien tous ces mouvements se sont appuyés sur la gymnastique du langage, jeux de mots, calembours, contrepèteries, onomatopées et sonorités. Reste que cet ouvrage n'est pas nouveau.

Bénédiction de l'auteur

Il avait été publié en 1976 en deux volumes. Il est réédité en un seul. Avec la bénédiction de l'auteur qui juge que «les remous de l'enfance et de l'adolescence», les années 1900 à 1940, sont plus que jamais nécessaires pour «comprendre ce qui a suivi, ce qui va suivre».

La première partie recouvre le domaine étranger. La seconde traite du domaine parisien. Mais le fil rouge demeure le bouillonnement d'alors, dont on n'a plus la mesure de l'effervescence réelle. Aussi, la promenade érudite mais non pédante, de Marinetti à Pessoa, de Maïakovski à Joyce, en passant par Tzara ou Soupault, que propose Faucherau, entraîne-t-elle le lecteur dans une culbute de dominos, où les mots sont mis cul par-dessus tête pour mieux retourner la culture bourgeoise. Aujourd'hui, pour prendre à rebrousse-poil, l'art choisirait de choquer plus frontalement.

«Expressionnisme, dada, surréalisme et autres ismes» par Serge Fauchereau (Denoël, 556 p., novembre 2001).