Vous avez toujours rêvé de savoir ce que c'est que l'art audiovisuel expérimental sans jamais oser le demander. Une occasion à ne pas rater vous est offerte avec les projections en plein air sur le grand écran du Flon, organisées dans le cadre de Lausanne Jardins 2000. C'est gratuit et ça se regarde debout, assis sur le rebord du bâtiment d'en face ou des fenêtres de la galerie Espace Flon (Côtes-de-Montbenon 6) qui abrite pour la même occasion une exposition intitulée Jeux d'urbains. Si vous vous ennuyez, vous pouvez partir en catimini. Si, en revanche, vous adorez vous pouvez vous attarder à en discuter, autour d'un verre, avec les animateurs et les fidèles de la galerie.

C'est Simon Lamunière, artiste et commissaire d'expositions faisant autorité dans le domaine des nouveaux médias – il a notamment coorganisé l'exposition Art Unlimited à la dernière Foire de Bâle –, qui a mis sur pied ce volet, artistiquement le plus pointu, de la manifestation lausannoise. Les films, vidéos et projections Internet qu'il propose jettent un regard décalé sur la relation entre nature et modernité, poussant à son extrême le propos de Lausanne Jardins 2000, dont il faut rappeler que ce n'est pas une entreprise d'enjolivement de la ville, mais bien une tentative d'inscrire intimement la démarche jardinière dans le milieu urbain.

Ces projections ne pouvaient évidemment avoir lieu qu'au Flon, cet ancien quartier industriel investi par l'art d'aujourd'hui. Mais l'adéquation théorique du lieu et du projet peut-elle suffire à séduire un public un peu plus large que celui du cercle restreint des initiés à l'utilisation artistique des nouveaux médias – ce qui, tout de même, devrait être le but? Lors de la première soirée vendredi dernier, la projection du film Le bon chemin de Fischli et Weiss (dans des conditions techniques (volontairement?) douteuses), une interrogation ironique et touchante de notre rapport à la sublimité des paysages, puis de La moindre résistance des mêmes artistes, n'est pas parvenue à capter l'attention des passants.

On peut souhaiter que, le bouche-à-oreille et la répétition aidant, la suite du programme suscite plus de curiosité – enthousiaste ou critique – pour des formes de création qui en disent long sur la culture contemporaine. Encore faudrait-il que leurs adeptes en rendent les enjeux compréhensibles, au lieu de s'en tenir à un charabia fumeux du type de celui délivré l'autre soir, en introduction, par Simon Lamunière.

Actions naturelles, Flon, Lausanne, dès 22 h 25 et 26 août: Felix Huber, Philip Pocock, Udo Noll et Florian Wenz, «Description of the Equator and some other lands», hypermovie on line. 8 et 9 sept.: Roman Signer, actions 1975-1999. 15 et 16 sept.: Pierre Bismuth, «Alternance d'éclaircies et de passages nuageux l'après-midi», 1999.