C’est bien connu: les murs ont des oreilles. Mais il n’est pas impossible qu’ils aient également des cordes vocales. On se permettra de synthétiser de la sorte l’expérience que propose l’ECAL demain 2 mai en ses murs, dans le cadre d’un projet de recherche intitulé «Pratiques aurales en arts visuels».

On peut déplier le programme de la journée pour aplatir la métaphore des murs parlants. Premier volet, à 17h: les chanceux qui se seront inscrits à temps pourront faire quelques pas en réglant les leurs sur ceux de Christina Kubisch. L’artiste allemande propose en effet sur le site de Renens une nouvelle itération de l’une de ses performances majeures: Electrical Walk. De quoi s’agit-il? D’une balade – la tête équipée d’un casque audio configuré pour l’occasion – sur la piste de l’activité électromagnétique du site. C’est une chasse aux spectres aimantés – nul n’est censé pouvoir prédire le surgissement, au détour de tels ou tels couloirs ou allées, d’un déluge d’ondes; mais chaque participant devrait pouvoir, ensuite, se rendre compte de la prégnance de ce type d’agitation dans son environnement quotidien.

Le second volet du programme, plus explicitement vibratoire, sera assuré par Scott Arford et Randy Yau, réunis sous le pseudonyme d’Infrasound. Ces deux Californiens se sont spécialisés dans une démarche en deux temps à la fois épouvantable et captivante: après avoir calculé, au moyen d’oscillateurs, les fréquences de résonance des objets composant un espace (ici: le studio cinéma de l’ECAL), ils injectent dans ledit espace des (infra-)basses étalonnées pour en faire vibrer, chanter, les différents éléments. Arford et Yau réunissent leurs expériences sous un mot d’ordre relativement simple: «Hear with your body». On peut aussi renverser approximativement la proposition, et admettre qu’avec eux, le son devient quelque chose qui vous touche – au sens le plus littéral du terme.

ECAL. Avenue du Temple 5, Renens. Me 2 mai dès 17h.